Emotions fortes au 3e volume
Ça commence comme ça, improbable spectacle, première pièce jouée au 3e Volume du Minotaure, inauguré en novembre dernier à Vendôme.
Les spectateurs en ce samedi de janvier, les uns derrière les autres, attendaient sagement de rentrer dans la salle. Et puis, de dehors, une musique surgit, le son devenant de plus en plus fort, Anna apparaît ! Son regard d’abord, triste regard, presque vide, elle traîne des pieds dans des godasses trop grandes pour elle, une silhouette fine, une robe bleue lavasse… L’accordéoniste rentre, le son lancinant, un air plaignant, les notes appuyées. Anna devient guide, alors le public la suit jusque dans la salle. Mais qui est cette Anna ?
Une salle parfaite pour cette pièce «Anna », où le lien entre l’artiste et son public peut se créer, distant parfois, mais en même temps l’un à côté de l’autre. On rentre tout de suite dans le bain. Décor simple, deux caisses de tailles différentes, un paravent, tout cela de couleur sombre. Là commence le spectacle, Anna retire ses chaussures, sorte de godillots, puis s’assoit. Tout le monde se tait. Elle ne parle pas encore mais l’on comprend par son attitude, par ses gestes maladroits, que cette fille (plus que femme) n’est pas à l’aise. Soudain, elle prend la parole, discrète, explique son histoire, pourquoi elle est là sur scène. Abandonnée par son père dans un hôpital psychiatrique, elle ne comprend pas, elle le dit, elle le crie, elle n’est pas folle par rapport aux autres.
Puis on perçoit toute son histoire, des hauts, des bas, aucune visite de son père, elle est laissée là, seule. Alors elle s’est créée une vie à elle et l’on navigue dans son esprit, dans son ressenti. Bouleversante histoire, la sensibilité de Pascale Martineau, auteur-metteur en scène au sein de sa compagnie «A Corps et Cris», basée à Vendôme, nous émeut jusqu’aux larmes. Ce même spectacle fut joué au guichet Montparnasse à Paris et présenté également au Festival off d’Avignon. Un accompagnement discret de l’accordéon mais toujours au bon moment, joué par Gabriel Levasseur qui par amitié avec la comédienne s’était déplacé spécialement d’une tournée en Suisse pour venir illuminer de son instrument cette soirée.
Avec un texte fort, bouleversant, «Anna» représente finalement sur ses épaules frêles l’hymne à la vie. Merveilleux !