Et Andrea créa la femme…
Posée à Sargé, «autrice», sourde, végan et autiste Asperger, la sémillante Andrea B. Cecil livre son huitième roman. La continuité d’une œuvre foisonnante, sans s’épargner en filigrane d’un militantisme LGBT avec ses personnages féminins qui butinent d’un roman à l’autre.
Elle revendique avec malice son addiction à Harry Potter et à J.K. Rowling. Y ajoute un zest de Patti Smith, l’icône rock, mais plus pour sa poésie que pour ses accords saturés. Andrea B. Cecil est autrice (et non auteure, et elle y tient) et nous livre Amer, son huitième roman, qui donne à voir le quotidien de Line, médecin estimé d’un petit village de la côte bretonne, et secrètement lesbienne. L’écriture est cash mais pas trash, sans se priver de finesse et de délicatesse. Quant à la préface de Flo Marandet, militante féministe, elle donne le ton. Où il est question d’intimité, de libido et de l’incompris Galilée.
Au départ, Andrea a été diagnostiquée comme atteinte de surdité, son autisme n’a été perçu que bien plus tard. Et elle n’y voit aucun frein à l’écriture. Avec en poche, à contre-courant de ses velléités rédactionnelles, un Bac scientifique obtenu avec mention, «l’autrice» prends en option les arts plastiques, premier coup de canif à la discipline scientifique. «Le Bac français a été pour moi l’épreuve la plus intéressante», souffle Andrea., avec «une mémoire phénoménale», confie Babou, sa compagne. Elles se sont mariées à Sargé, devant un maire ému pour son premier mariage entre deux filles. Étonnamment, après ses études, elle enchaînera avec un poste de moniteur (trice ?) d’auto-école. Décalée on vous dit.
Liberté chérie
Parcours atypique pour cet écrivain (écrivaine ?) fécond(e) qui, à peine un opus achevé, enquille avec délectation le prochain. Elle était d’ailleurs présente en septembre au Festival des mots, à Vendôme, pour y présenter ses nombreux ouvrages. Subtilement, elle fait passer ses personnages d’un roman à l’autre, en les étoffant, en les dédouanant parfois de leurs travers, livrant ainsi leur complexité, sorte de cross-over littéraire.
Et pas de hasard si elle a choisi l’auto-édition. Le choix de la liberté : «Avec un tirage à la demande et je reste maître de mes sujets, de ma préface, de mes couvertures.» Des couvertures particulièrement graphiques et colorées, qu’elle réalise elle-même, et chaque ouvrage se pare d’un marque-page à l’identique. Quant à ses références littéraires, en classique : Ionesco et Saint-John Perse font la paire. Côté contemporain, elle se dit lassée des Musso et autre Legardinier, mais encense Eric-Emmanuel Schmitt pour La Part de l’autre.
Entre deux romans, elle participe aussi à un collectif de neuf auteurs rencontrés sur le Net, «Les Pécéotiens». Au cahier des charges, un livre numérique au bénéfice d’une association de lutte contre la cardiothérapie. S’affichant comme autrice de romans LGBT, la jeune femme commence à se faire un nom dans le monde de l’écriture. Son titre phare, La Môme Hulotte, avait déjà marqué les esprits. Et à la vitesse à laquelle elle enchaîne ses livres, elle pourrait rapidement être sollicitée par des pointures de l’édition. Au regard de la liberté de ton et de choix qu’elle revendique, il se pourrait bien que ces messieurs essuient un refus.
Les romans d’Andrea B. Cecil sont disponibles sur Amazon (KDP select), à partir de 2,99 euros en format numérique.
Contact : AndreaB.Cecil@free.fr