François Bégaudeau condense en quelque 90 pages l’histoire d’amour d’un couple banal, les Moreaux, deux « cœurs simples » sans histoire.
Loin de l’amour-passion, de ses grandes déclarations, de ses drames et de ses trahisons, loin de l’amour toxique ou tragique, nous suivons ici l’amour ordinaire, l’amour patience, l’amour qui se construit, lentement, sûrement, à travers les habitudes, le quotidien, la vie matérielle, la vie sociale, la pudeur. Les années défilent, de 1960 à nos jours, traversées par des modes, des objets, des musiques qui marquent les époques et les esprits, que l’on s’amuse à reconnaître et qui dépeignent à merveille le temps qui passe. L’amour, lui, dure entre ces deux-là.
On est loin des clichés auxquels la littérature réduit parfois l’amour, et pourtant on ne s’ennuie pas, on ne lâche pas ce roman aussi dense que condensé, et l’émotion perdure longtemps après l’avoir refermé.