Un merveilleux Arboretrogne inauguré ce mois-ci
Le bébé de Dominique Mansion et de ses amis voit enfin le jour. Il sera l’arboretum du bocage, un véritable conservatoire vivant pour les générations futures.
Un président de région, son homologue du département, celles du Syndicat mixte du Pays vendômois et du Fonds territorial du Perche… Il y aura de belles trognes – pardon, du beau monde – le 17 juin sur le site de la Maison botanique ! Des collectivités qui ont mis la main à la poche pour soutenir un projet d’environ 80 000 €.
Une inauguration comme une autre ? Sûrement pas car, ici, pas de bétonnage, pas de construction, pas d’artificialisation des sols comme elles se poursuivent malheureusement un peu partout au prétexte des créations d’emplois. L’Arboretrogne est un arboretum d’un nouveau genre, où l’on recrée par souci pédagogique ce qu’était le bocage de nos grands-parents : ces arbres courts taillés et retaillés, en prenant soin de garder le « tire-sève » et dont le moignon grossissant d’année en année laissait parfois deviner la tête d’un monstre ! « Terouesse » dit-on également dans le Maine, comme « truisse » en Touraine.
Déjà à Chaumont-sur-Loire
Dominique Mansion est à l’origine de ce projet un peu fou mené à bien en deux ans grâce aux animateurs de la Maison botanique, épaulés par une quinzaine de bénévoles. Il n’a pas oublié ce qu’il a vu dans sa jeunesse : ces centaines d’arbres têtards et de trognes arrachés, déchiquetés par les bulldozers du fameux remembrement des années 1970 et 1980 qui a largement meurtri les plateaux du Loir-et-Cher. « C’était très douloureux pour moi, déjà, à l’époque, j’en avais sauvé près d’une trentaine et je les avais présentées au Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire en 1999… Ça s’appelait le Jardin des trognes. » raconte ce jardinier du bocage, devenu septuagénaire.
… Et le Chemin des trognes
Pour lui, « le déclic vient de là. Même Le Monde avait publié des articles sur le sujet ! » Assez vite, au début des années 2000, Dominique crée l’association avec le soutien des collectivités locales qui veulent bien s’engager. C’est ainsi que la Maison botanique de Boursay voit le jour – aujourd’hui une référence dans la région en matière d’initiatives liées à l’environnement et au maintien du patrimoine naturel du Perche vendômois. Un Chemin des trognes, première étape dans ce militantisme arboricole, existe déjà depuis quelques années ; il débouche d’ailleurs sur le nouveau site.
L’Arboretrogne est donc à la fois la base du travail réalisé en vingt ans par l’association et la finalité du projet. À l’image des quelques centaines d’arbres taillés en têtard qui perdurent encore au pays du Perche (il y en avait des milliers !), ceux que l’association élèvera et taillera amoureusement deviendront des petits monuments verts pour les générations de demain.
Et, si possible, feront passer dans leurs branches le message essentiel du respect du vivant, tant il est vrai qu’un seul individu accueille plusieurs centaines de bestioles utiles dans son bois et ses branches.