Éditos

Games of drones

Ces dernières semaines, les incursions de drones dans l’espace aérien de l’Otan ont entraîné une psychose dans les capitales européennes et démontré notre incapacité de prise de décision commune. Il y a encore peu de temps, chacun, ayant la chance d’en posséder un, prenait plaisir de lui faire survoler sa maison, celle de ses copains ou de sa famille, pour prendre des images. Aujourd’hui, ces incursions non désirées nous interpellent. Outre le drone utilisé pour les photos ou les films, cet objet volant sans pilote n’est pas réellement nouveau. Déjà pendant la Seconde Guerre mondiale, le drone de combat fut utilisé dans la Guerre du Pacifique par les Américains, mais aujourd’hui, la guerre hybride est bien d’actualité.

Pas une journée sans que l’on parle du nombre impressionnant de drones russes qui survolent l’Ukraine, abattus en vol ou qui viennent s’écraser sur les immeubles. D’après le Foreign Policy, magazine américain, 5.000 drones kamikazes sont produits et déployés chaque mois par la Russie, là où au début de la guerre contre l’Ukraine, l’armée russe ne pouvait en aligner mensuellement qu’entre 150 et 200. Depuis le début de l’année, ce sont 33 000 drones qui ont été lancés par les Russes. Le Kremlin qui, même s’il ne le dit pas directement, est déjà en guerre contre l’Occident, et semble profiter du désintérêt de l’Amérique trumpienne envers l’Europe. Sans l’engagement des USA, l’Otan n’existe pas même si les Européens cherchent dorénavant à rattraper leur retard en renforçant leur armement ce qui prendra quelques années encore. La Russie nous oblige à nous confronter à des dilemmes précis et délétères. Doit-on adopter une approche militaire de ces intrusions aériennes en abattant les intrus, avions ou drones ?

On peut tout de même se rassurer quant à la perspective d’un conflit ouvert entre états qui reste éloignée, une confrontation directe qui ne devrait pas être encore d’actualité mais l’on voit bien l’escalade que prennent les hostilités actuelles. L’intrusion dans le ciel européen de drones et la fermeture des aéroports font que c’est aussi quelque part, notre guerre. Tout cela dans un contexte géopolitique bien pesant dans le Pacifique, les Américains bien plus soucieux de la politique expansionniste de la Chine que de la Russie.

Alors faut-il que nos diplomates réapprennent les vieilles techniques d’escalade maîtrisée observées lors de la guerre froide ? Car, si l’on a un peu oublié ces moments historiques depuis la chute du mur de Berlin en 1989, nous sommes bien revenus dans une sorte de guerre froide, il me semble, à cette grande période de l’histoire qui a duré plus de 30 ans. En effet, lorsqu’un pays doit dissuader un adversaire, les menaces crédibles sont parfois l’option la plus prudente, les gros bras sont de sortie, chacun montrant à l’autre qu’il est le plus fort… L’histoire du XXe siècle nous apprend que l’escalade n’est pas forcément le signe que les choses vont mal.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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