Regard posé en VendômoisÉconomie et société

Les bourlingueurs de l’extrême

Christiane et Michel, un couple de joyeux retraités, ont écumé le monde entier. Mais surtout pas de voyage organisé, en tête-à-tête, avec simplement un passeport et un sac sur le dos. Ils viennent juste de s’installer du côté de Saint-Quentin-les Trôo. Rencontre.

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Arrivée sur Kuala Lumpur

Laponie, Cambodge, Syrie, Jordanie, Laos, Turquie, ex-Yougoslavie, Australie, Inde, Amérique latine, Chine… Près de 120 pays visités, 18 compagnies aériennes, des centaines de cars, de taxis, de tuktuks, et des milliers de kilomètres parcourus, c’est le bilan approximatif posé par Christiane, bientôt nonagénaire. Elle et Michel ont déboulé en Loir-et-Cher juste après le confinement. Ils ont quitté Toulouse pour se rapprocher de leur fille et des petits-enfants. Installés dans une belle longère qu’ils louent en attendant d’acheter la maison de leur rêve. « Si on pouvait trouver un trogloo assez grand pour y accueillir enfants et petits-enfants, ça serait l’idéal », explique Michel. Lui œuvrait dans l’aéronautique, comme dessinateur industriel, Christiane était directrice d’un petit office de tourisme. La folie des voyages les a piqués au milieu des années 70, peu après leur mariage. « La première fois, c’était en Laponie, nous sommes partis en voiture un soir sur un coup de tête. Des milliers de kilomètres avec notre petite Ford et des paysages somptueux, forêts et lacs », s’enflamme Christiane. Une pause d’une dizaine d’années pour laisser grandir les enfants et le feu d’artifice a repris de plus belle.

« L’ex-Yougoslavie a été un moment délicat, très tendu et très décevant d’un point de vue gastronomique. Nous avons aussi subi les inondations au Vietnam et nous avons rejoint l’aéroport en barque dans la rue ! », assure le retraité. « On a même réussi à dormir dans une famille au Cambodge, alors que c’était strictement interdit par les autorités. » Et des anecdotes comme celles-ci, Michel les enchaîne par dizaines. Mais celle dont il est le plus fier, il la raconte avec des étoiles dans les yeux, tout heureux du bon tour joué à des fonctionnaires trop gourmands.
Dans les montagnes de Jordanie

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Quelque part en Malaisie…

Minuit passé à la frontière jordanienne. Dans les montagnes, la température avoisine les 5°C. Un douanier, AK47 en bandoulière, moustache épaisse et visage sévère, accueille les deux voyageurs. Problème. Leurs visas ont expiré depuis deux heures. La faute à pas de chance : une crevaison sur la route a retardé leur arrivée sur le passage pour la Syrie. Le militaire les installe dans un bureau crasseux, sans chaise, et leur ordonne d’attendre, il doit en référer à son chef. Une heure se passe. L’homme est de retour, un tampon dans une main, leurs passeports dans l’autre. Pour « arranger » l’affaire, le douanier propose une transaction à l’amiable. Ça sera 200 euros par tête. Michel est stupéfait, bien décidé à ne pas se laisser faire. D’autant que le couple arrive à la fin de son voyage et que les sous viennent à manquer. Question d’honneur. Pas le choix, il faut retourner à Amman pour rejoindre l’ambassade de France et prolonger leurs visas. Ni une ni deux, ils embarquent dans un taxi et filent vers la capitale jordanienne, à trois heures de route. Au petit jour, ils obtiendront le précieux sésame, prorogé de 24 heures, et repartiront direction la Syrie. Des centaines de kilomètres parcourus dans la nuit sur d’improbables pistes, jonchées d’épaves de véhicules, ponctuées par d’incessants contrôles de police.

Photos et diapositives à l’appui, le couple est intarissable. Au mur, une carte du monde, où ils ont souligné en vert les endroits visités depuis un demi-siècle, se mêle aux nombreux objets artisanaux, masques africains, bouddhas et éléphants d’Asie « Aujourd’hui, avec l’âge, on prend moins de risque sur la destination, mais on continue à se faire plaisir », relance Christiane.

Pour preuve, les yeux rivés sur son ordinateur, elle scrute les bons plans pour le mois de mai. Les Cyclades ou la Crête ? « Et pourquoi pas le Vendômois », tranche Michel…

 

 

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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