Le Loir et l’art : toute une histoire !
Question à mille euros : qu’est-ce qui fait qu’un artiste s’installe plus volontiers ici que là ? Plus sûrement en vallée du Loir que sur d’autres rives ?
Les politiques d’architecture et d’aménagements des villes, signes des pouvoirs religieux et royaux ont joué le premier rôle sous l’ancien régime – devenues celles des pouvoirs républicains. Elles sollicitaient le talent des artistes et compagnons aux mains d’or pour toutes sortes d’œuvres sur les églises, cathédrales, palais… On peut considérer que Vendôme en a bénéficié à sa mesure à partir du XIe siècle avec la Trinité. Mais dans les campagnes ?
Notre Loir vendômois serait-il un fil vert d’eau entre les peintures des églises romanes de Lavardin, Saint-Gilles de Montoire, Saint-Jacques-des-Guérets, Poncé, les belles demeures ou châteaux de la Renaissance qui jalonnent la vallée, les œuvres littéraires qu’elle a inspirées, les artistes ou artisans d’art des XXe et XXIe siècles qui s’y sont installés ?
Je crois que oui. Il a d’abord fallu, sans doute, que des commanditaires avertis s’adressent à des peintres fresquistes appréciés de leur époque pour orner les chœurs, les piliers et les nefs de petites églises situées sur les voies de passage du pèlerin – « l’étranger » étymologiquement parlant. La Trinité abritait une « larme » du Christ sur une des voies de Compostelle, non loin de Saint-Martin-de-Tours : autant capter cette clientèle-là qui trouvait même au fil du Loir une sécurité à cheminer dans des contrées plus peuplées que sur les plateaux parsemés de forêts.
De Ronsard à Franck Maubert
À la Renaissance, les forteresses ont laissé place à des châteaux de plaisance, très gourmands en œuvres d’artistes. Ces derniers – sculpteurs, peintres, tailleurs de pierre souvent passés par les châteaux de la Loire – s’installaient pour des années. Les siècles ont fait le reste ainsi que le paysage chanté par Ronsard : il fait bon vivre au versant de nos coteaux vineux ou boisés et les artistes y trouvent leur compte davantage qu’ailleurs.
Tout près de nous, le poète René-Guy Cadou et les romancièr(e)s Jeanne Bourin, Irène Frain, Georges Conchon, Franck Maubert n’ont pas boudé leur plaisir de tremper leur plume dans nos eaux tranquilles. Idem pour les chanteurs Leny Escudero et Maxime Le Forestier. Les peintres aussi sont légion, Maxime Maufra étant même mort sur le motif à Poncé !
Quant aux artistes et artisans d’art depuis le XXe siècle, on peut véritablement parler d’une tendance durable née dans les années 60 avec le Centre artisanal de Poncé, et qui fait toujours des petits. La Chartre-sur-le-Loir, d’ailleurs, est en passe de de devenir un village d’artistes comme il l’est déjà pour les brocanteurs et antiquaires.