La Porte d’eau et les remparts de la vieille ville
Après la restauration du château de Vendôme, inaugurée à la fin de l’été, un chantier de reprise des maçonneries a débuté pour l’arche des Grands-Prés dite aussi porte d’eau qui enjambe la rivière du pont Perrin. Flanquée à l’origine de deux tours hémicylindriques, une seule est encore en place, la tour parisienne, l’autre dite des Cordeliers a été sapée par les crues de 1657 et 1665 et a disparu entièrement en 1785, la porte d’eau reste l’un des derniers vestiges de l’enceinte fortifiée qui entourait, dès le XIIIe siècle, la ville centre avec la tour de l’Islette, l’arche aux Bourreaux ou la porte Saint Georges.
Après avoir dégagé les douze tonnes de terre accumulée au-dessus de l’arche, l’entreprise Gueble, sous la direction des services de la ville, s’affaire à dévégétaliser l’ensemble de la porte emblématique du patrimoine vendômois avant une reprise totale des maçonneries, mâchicoulis et chemin de ronde de cette voûte plein cintre de 7m d’ouverture pour 2,4 m d’épaisseur. La prise en charge des travaux est principalement communale avec une aide du département et les citoyens sont également sollicités avec la Fondation du Patrimoine à participer par l’intermédiaire de dons défiscalisés à la sauvegarde de notre histoire locale.
Cette magnifique arche encore visible aujourd’hui et qui va retrouver toute sa splendeur était un élément de la muraille qui encerclait Vendôme. Le chantier aurait débuté en 1229 après la venue au château de Vendôme, en 1227, de Blanche de Castille et son fils aîné, le futur Saint Louis. Cette femme à la fine analyse est soucieuse de le soustraire aux complots ourdis par les grands vassaux du royaume. Or, Vendôme est alors une ville ouverte, seul le château étant fortifié. L’impôt est levé pour la construction de ces futurs remparts, proposé seulement par le comte Jean IV avec le produit du droit vire-vire, une obole par cinq sols du prix de toutes choses vendues ou achetées (sorte de TVA avant l’heure), droit que les vassaux et abbés de la Trinité lui avaient accordé pour une durée de 3 ans, exclusivement affecté à l’utilité tant du château que du peuple vendômois, sans pouvoir être appliqué à d’autre usage qu’à la clôture et fortification de la ville
Cette enceinte forme approximativement un demi-cercle et entoure toute la partie de la ville comprise du pied du château au sud à la rivière Saint Denis au nord où l’on retrouve la tour de l’Islette, (restaurée dans les années 1970 et 1980 par l’association Résurgence). Au cours du siècle suivant, lors de la Guerre de cent ans, à la bataille de Poitiers en 1356 perdue par Jean le Bon, roi de France, Jean VI comte de Vendôme est fait prisonnier comme le souverain. Cette défaite voit la France perdre son roi et l’élite de sa noblesse ouvrir les provinces aux incursions de bandes anglaises. Il faut mettre alors les villes du royaume en état de défense. À Vendôme, au retour du comte, on s’attele à réparer, renforcer et achever donc le mur d’enceinte entouré d’eau de toute parts, au sud par le grand bras du Loir, au nord par la rivière Saint Denis élargie pour l’occasion.
On entre alors par quatre portes construites aux ponts Chartrain, Saint Bié, Saint Georges et Saint Michel. Ces portes étaient flanquées de tours et précédées pour certaines de redoutes en terre gazonnée. Toutes ont été détruites à l’exception de la porte Saint Georges qui accueille, un temps, l’Hôtel de ville, actuelle salle des mariages, fortement remaniée au XVIe siècle. On peut également rajouter à ces portes, l’ouverture donnant accès au pont neuf derrière le marché couvert et qui permettait de l’autre côté de la rivière de franchir la Poterne, donnant accès à la basse cour du château, actuelle rue Ferme.
Quant à l’enceinte de l’abbaye de la Trinité, citée dès le XIIIe siècle à plusieurs reprises, elle est fortifiée à partir de 1357 sur ordre du comte Louis d’Anjou avec de solides murailles et flanquée de tours carrées. Guerre de cent ans oblige, l’abbaye devient un véritable monastère fortifié avec à l’est la rivière du Dôs-d’Ane, au sud le Loir le long du faubourg Saint Bienheuré et à l’ouest les Grands Greniers.
La Porte d’eau en restauration actuellement possède toujours le passage supposé d’une herse et faisait bien partie de cette enceinte. Ce système défensif disparu ou qui ne subsiste qu’un petit morceau, parfois même qui a été transformé par des restaurations trop radicales au siècle passé, il nous appartient de le préserver pour les générations futures car cette petite histoire locale fait finalement partie de la grande Histoire.
Bibliographie :
« Histoire municipale de Vendôme avant 1789 » d’Auguste de Trémault aux éditions Le Livre d’histoire
« Précis de l’histoire de Vendôme » de Gustave Chanteaud aux éditions Le Livre d’histoire
« L’Abbatiale de la Trinité de Vendôme » d’Isabelle Isnard aux éditions Presses Universitaires de Rennes
« Forteresses médiévales en Vendômois » Claude Leymarios- Revue du CDPA 41
« Les remparts de Vendôme et la tour de l’Islette » texte de R. Lepallec – Fascicule de l’association Résurgence
« Histoire du Vendômois » ouvrage collectif aux éditions du Cherche Lune
« La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au XVIe siècle » de Dominique Barthélemy aux éditions Fayard
« Le château de Vendôme » de Jean-Claude Pasquier aux éditions du Cherche Lune
« Dessins et Aquarelles de Gervais Launay » Premier Album aux éditions CDPA41