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Charles-Eric de Benoît : la « Nouvelle Vague » est arrivée

La valeur n’attend pas le nombre des années. A 18 ans, Charles-Eric de Benoît d’Entrevaux réalise de talentueux courts-métrages. Gros plan sur une jeune pousse en devenir.

Tout commence à Courtiras. Une porte en bois blanc s’ouvre sur un atelier de ferronnerie. Un univers sombre, gris bleuté, où la flamme d’un chalumeau empourpre le visage d’un artisan d’art attelé à sa besogne.

Ça cogne fort, ça martèle dur, ça tord et perce le fer dans un tourbillon de précision. Une minute et dix secondes de plans larges ou resserrés qui s’enchaînent sur une bande-son minimaliste, calée au plus juste de l’image. Un film qui s’achève sur la porte de l’atelier, à contrejour, où l’homme de l’art dépose ses gants, s’éloigne, labeur terminé, et referme la porte de son antre. Fondu au noir.

La symétrie entre l’ouverture de cette porte, en extérieur, clé d’entrée de cet univers où se façonnent des trésors d’imagination, et sa fermeture, en intérieur, livre le récit d’un scénario construit, pensé, intelligent, révélateur d’un talent qui laisse présumer qu’un réalisateur est né. Et il est Vendômois.

Charles-Eric de Benoît d’Entrevaux (CEdBdE) est l’auteur de ce clip, découvert par hasard sur les réseaux sociaux et sitôt mis en ligne sur le portail Facebook du Petit Vendômois. D’abord surpris par son âge, 18 ans, et la qualité de son travail, puis rapidement intrigué par le personnage, nous avons voulu comprendre. Rendez-vous pris au Central Bar, un après-midi ensoleillé de mars.

Des Figures libres à la campagne municipale

Veste noire, visage poupin, silhouette élégante emplie de prestance, le gamin détaille son parcours, ses passions, ses hésitations, avec une humilité mâtinée de malice. D’abord le skatepark improvisé, du côté des Presses Universitaires de France, avec la bande de potes dont il filme déjà les perfs et les kickflips. Puis ses deux années au Pôle Espoir de Tours, de 2013 à 2015, en section rugby, au lycée Vaucanson. Essai transformé. Tournoi de Wellington en Angleterre, des matchs contre l’Italie, le Pays de Galles, les États-Unis, capitaine et champion de France en rugby à 7 en 2014-2015, le monde de l’ovalie lui ouvre ses poteaux.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Tombe le doute. Après vingt-quatre mois de sport-études, il amorce un virage à 360 degrés vers la Faculté de médecine de Tours, pour une orientation plus pragmatique, avec en filigrane les affres d’une carrière aléatoire de rugbyman et le traumatisme des blessures à venir. Après quelques mois en première année commune aux études de santé (PACES), le doute, à nouveau, s’installe. Charles-Éric tire des bords et tranche pour finalement revenir à son port d’attache, la caméra et la réalisation. Abandonner les rassurantes études de médecine, convaincre les parents, traîner le pater familias aux journées portes ouvertes d’Infocom, département spécialisé dans l’information et la communication de l’IUT de Tours, reprendre les petits boulots pour se payer le Mac indispensable aux logiciels de montage qu’il maîtrise déjà et se projeter enfin vers une carrière en panoramique.

Du courage et des choix qu’il assume pleinement, fort de l’expérience engrangée par ses précédentes réalisations: des clips musicaux tournés dès 2011, à 13 ans, pour Le Phrazé, le groupe de rappeurs de Thoré-la-Rochette, ou, depuis 2012, pour Dieuveille, figure emblématique du rap vendômois. Mais aussi, des incursions dans le monde de l’électro, en 2013, pour la soirée des Figures libres « Tree Night#3 », à la Chapelle Saint-Jacques, réalisant dans la foulée le teaser d’Arsène C, un groupe électro vendômois. CEdBdE fourbit ses armes, basculant dans le même temps sa caméra vers les institutionnels : la Foire aux vins et le Comice de Thoré, des films pour l’entreprise Minier, à Naveil. Il sera même pressenti pour travailler sur la campagne municipale de Pascal Brindeau, projet non abouti faute de temps.

Charles-Éric ne chôme pas. En mai, pour clôturer pleinement son cycle de médecine, il passera malgré tout le second concours semestriel. Avec l’espoir, au même moment, de sa convocation à l’oral d’entrée à Infocom. Viendra alors l’heure du choix. Mais, quel qu’il soit, à Vendôme, la « Nouvelle Vague » est arrivée.

www.facebook.com/cebenoit

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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