Pikachu… ce Vendômois
Arrivé en juillet dans l’Hexagone, le jeu Pokémon Go s’est immiscé au cœur de l’été dans les rues de Vendôme. Du parc Ronsard aux Grands Près, les «chasseurs» ont rivalisé d’énergie pour débusquer Pikachu, Florizarre ou encore Dracaufeu.
Tête baissée, les yeux rivés sur leur smartphone, sac à dos sur l’épaule et boissons énergisantes en main, Yohann, Chloé, Sylvain, Amid foncent dans les rues de Vendôme. Une courte pause de temps à autre, à l’ombre de la statue du Maréchal Rochambeau, place Saint-Martin, ou dans la fraîcheur du parc Ronsard, sous la canicule pesante de la mi-août.
Controversé pour les uns, ludique et anodin pour les autres, le jeu Pokémon Go réunit cependant quelques caractéristiques originales. Il fédère autour de lui des groupes d’amis, le plus souvent des jeunes, crée du lien entre ceux qui ne se connaissaient pas, échangeant volontiers leurs informations,
«on en a repéré un Faubourg Chartrain!», pêle-mêlant activité intellectuelle et physique.
Et c’est tout l’attrait pour les afficionados de ce jeu vidéo: sortir de sa chambre, partager au-delà de la virtualité d’une compétition en ligne, revenir à la notion de groupe. Sorte de chasse au trésor, qui comblait les gamins d’antan, mais qui aurait évolué en version numérique du XXIe siècle.
«Ça n’est qu’un jeu…»
«Au début, je jouais tout seul, puis j’ai retrouvé des copains qui chassaient sur les mêmes lieux. Alors on a décidé de s’associer et de se refiler nos plans», s’amuse Alexis, 17 ans. «On a rencontré des Hollandais et on a les a aidés car ils ne connaissent pas bien la ville», s’enorgueillit Yohann.
Le jeu, devenu phénomène mondial de société, s’appuie sur le principe de la réalité augmentée. Lequel superpose une image 2D et des cartes géographiques à la perception réelle de notre environnement. Une innovation technologique inaugurée en France en 2009 par le parc du Futuroscope et son attraction des Animaux du futur, avec un résultat très mitigé à l’époque.
A l’évidence, la technologie a bien progressé au vu des regards enflammés des quatre adolescents qui écument la rue Poterie, le marché couvert et la rue du Change. Certains sont tendus comme pour un examen scolaire, d’autres plus dilettantes ou franchement rigolards, surtout heureux de retrouver les copains d’écoles en cette période de vacances scolaires où l’ennui peut rapidement prendre le pas dans la torpeur de cette fin d’été.
Malgré son caractère non-violent, le jeu a occasionné cependant quelques polémiques, faisant sortir du bois une ministre, suscitant une demande de législation de la part de certains élus, car des chasseurs de «bébêtes», sous le coup de la passion, s’étaient introduits dans des commissariats ou des lieux de culte…
A Vendôme, rien de tout ça. Les joueurs sont restés lucides et respectueux, voire même plutôt discrets.
«On ne va quand même pas entrer dans l’Abbaye de la Trinité!», s’offusque Alexis, un œil sur son smartphone, l’autre sur celui de son voisin. «Faut faire la part des choses, ça n’est qu’un jeu…»