Arjowiggins, un canadien reprend la main
Après moult déboires, Gérard Heuliez, PDG du groupe Kolmi-Hopen, a confirmé l’installation d’une importante unité de production sur le site de l’ex-usine Arjowiggins, à la frontière du Loir-et-Cher. D’ailleurs, ministres et élus ne s’étaient pas privés d’un déplacement sur le site pour entériner la bonne nouvelle. Un espoir pour tout un bassin de vie.
L’affaire avait fait grand bruit. Avec un drame en filigrane : le suicide d’un salarié. Arjowiggins, l’usine sarthoise de production de papier, avait été placée en liquidation judiciaire en mars 2019, puis reprise l’an dernier par Paper Mills Industries, qui avait finalement abandonné. Près de 800 salariés au tapis et toute une région impactée, à Bessé-sur-Braye, en lisière du Loir-et-Cher. Mais l’horizon s’éclaircit. Après la crise du Covid-19, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie à l’époque, Christelle Morançais, présidente de la région des Pays-de-la-Loire, et toute une délégation d’élus s’étaient retrouvés à Bessé-sur-Braye (Sarthe) sur l’ancien site papetier, pour lancer la nouvelle histoire du site d’Arjowiggins. Kolmi-Hopen, filière du canadien Medicom, déjà présent en Anjou, prévoit un investissement de près de 40 millions d’euros sur l’ancien site du papetier. C’est une PME spécialiste des produits médicaux à usage unique. L’usine sera baptisée «ManiKHeir» et le projet vise la mise en place de plusieurs lignes de production pour la fabrication de gants en nitrile, une alternative au latex (vecteur d’allergies) et une barrière aux produits chimiques et aux virus. D’actualité en quelque sorte.
Pas moins de 300 emplois à terme
Pas de hasard quant au choix géographique. D’abord l’activité, qui nécessite un apport d’eau conséquent, avec la Braye à proximité. Ensuite un dossier monté en collaboration avec la Région et une participation de l’État. « Ce projet répond à un double objectif, la reconquête industrielle et la revitalisation de ce territoire qui a été durement touché, mais également la reconstruction de notre souveraineté sanitaire », s’est félicitée Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie (Macron 1), auprès de l’AFP (19/05).
Confortée dans ses déclarations par Jacqueline Gourault, alors ministre de la cohésion des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, passée depuis au Conseil constitutionnel, qui a rappelé que l’État s’engage à hauteur de 10 millions d’euros et la Région, pour sa part, participe à hauteur de 5 millions. Les fonds versés par l’État s’inscrivent dans le cadre du plan de relance. « 150 à 200 emplois seront créés la première année, avec un potentiel pouvant atteindre plus de 300 emplois sur site à terme », a indiqué Bercy dans un communiqué.
« Bessé-sur-Braye deviendra le premier site français à fabriquer ces équipements de protection », s’est réjouie la ministre, car les gants en nitrile sont majoritairement fabriqués en Asie. Seule ombre au tableau, sur les 72 000 m² de bâtiments qu’occupait Arjowiggins, seuls 18 000 m² ont été repris par le groupe canadien. Quid du reliquat ? Jacques Lacoche, le maire de la ville, serein, en appelle à d’autres investisseurs. « Il reste de la place pour l’implantation d’autres activités ! », confie l’édile dans la presse locale.
Une bonne nouvelle donc pour l’emploi, tant sarthois que loir-et-chérien, pour les partenaires commerciaux à venir, les sous-traitants et le commerce en général dans ce bassin de vie, car Bessé-sur-Braye se situe à quelques centaines de mètres du 41, tout proche de Savigny-sur-Braye, à quelques encablures de Montoire-sur-le-Loir.