ActualitésÉconomie et sociétéÉconomie en Vendômois

De Vendôme à Ouarzazate

À l’heure de la COP21 à Paris, et en amont de la COP22 qui aura lieu en 2016 à Marrakech, le Maroc a inauguré fin novembre sa première centrale solaire thermique : «Noor».
Le Petit Vendômois est allé prendre la température sur place.

À Vendôme, en 2015, c’est l’Unité de traitement des eaux qui fait figure de proue en termes de développement durable. Inauguré en septembre, l’imposant bâtiment, siglé de deux frises vertes, se pose en vaisseau-amiral de technologie et d’innovation environnementale. À des milliers de kilomètres, et en pleine COP21, le Maroc, lui, ouvre sa première centrale solaire.

À quelques encablures de Ouarzazate, sous le soleil de novembre et ses 26°C, «Noor», «la lumière» en arabe, se dessine dans le désert du sud marocain. Au pied des contreforts du Haut-Atlas, d’innombrables travées de miroirs concaves équipés de trackeurs pistent le mouvement du soleil. Et au milieu trône une centrale. Véritable plateau de cinéma de science-fiction, entre Star Wars et Dune, le site pourrait se confondre avec les Studios de l’Atlas, situés seulement à quelques kilomètres. Une zone aride, parsemée d’Algeco, des bâtiments futuristes, flambant neufs, une turbine d’où s’échappe une immense colonne de fumée blanche dans un ciel azur, la centrale solaire thermodynamique, initiée en 2013, a été mise en service fin novembre.

«Noor a été installée dans le désert afin de préserver les terres agricoles du secteur», nous confie sur place Maha Kadir, de l’Agence marocaine pour l’énergie solaire (Masen), en charge du projet avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).

Alimentée par le barrage El Mansour Eddahbi, à quatre kilomètres du site et à hauteur de 3% des eaux de la retenue, Noor I, dans sa première phase, c’est 170 mégawatts (MW) de production d’électricité sur 480 hectares et 500 millions de miroirs-courbe.

L’équivalent de deux EPR

Soit la 7e centrale solaire dans le monde derrière les États-Unis et l’Espagne.

«Deux mille personnes de la région de Ouarzazate ont participé à sa construction, avec un vaste plan de formation dédié aux métiers spécifiques», se félicite Maha Kadir.

Une valeur d’exemplarité revendiquée, à tel point que Masen envisage une ouverture au grand public pour des visites pédagogiques et la construction d’un écomusée sur le site. En amont de la COP22, qui aura lieu en 2016 à Marrakech, des partenariats, à destination notamment de la Côte d’Ivoire et du Nigeria, sont en cours pour un transfert de technologie ou une aide à la construction en Afrique subsaharienne où la demande d’électricité devient urgente.

À terme, sur 3 000 hectares, deux autres phases, Noor II et III, devraient compléter le projet pour une capacité totale de 500 MW. Et quatre centrales du même type devraient voir le jour sur le territoire marocain dans le cadre du vaste plan national des énergies renouvelables, lequel se targue de 42% de renouvelables (éolien, photovoltaïque, solaire et hydraulique), soit 2000 MW, sur le territoire chérifien d’ici à 2020.

Si l’ensemble des partenaires finalisent la totalité des projets en cours ou annoncés, c’est près de 3200 MW d’électricité, soit l’équivalent de deux réacteurs EPR, qui seraient produits par le Maroc, bien au-delà du plan initial. Pour André Azoulay, le conseiller économique du roi Mohammed VI, sur place à Ouarzazate, «c’est le chemin de l’audace et de l’avenir».

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page