Regard posé en VendômoisÉconomie et société

Isy Ochoa, femme de couleurs

L’artiste peintre Isy Ochoa livre un regard saisissant et enlevé, alchimie de gaîté et de couleurs, où pointe un doux parfum de nostalgie. Cette Parisienne «pure souche» a posé ses crayons du côté de Savigny. Portrait à grands traits d’une artiste féline et enjouée.

 

Isy Ochoa Diplômée de l’Ecole supérieure d’Arts graphiques de Penninghen, à Paris, Isy Ochoa s’est taillée une réputation de lionne dans le monde de la peinture et du dessin, en particulier pour ses illustrations félines et ses natures mortes. Des dégradés de couleurs, du jeu de la profondeur à la minutie des détails, ses yeux verts impriment ce que l’œil du passant ne décèle pas forcément.

 

Parisienne, d’origine basque, avec des ascendances madrilènes et orléanaises (l’une n’empêchant pas l’autre), Isy Ochoa s’est posée à Savigny-sur-Braye avec son compagnon, journaliste-écrivain, voilà une dizaine d’années. Au temps d’avant, ils habitaient le XIe arrondissement de la capitale, refuge populaire des artistes et des créatifs. Elle fourbit ses premières armes dans les hautes sphères de la publicité et de l’édition. Œuvrant, entre autres, pour la fameuse campagne de la RATP : «T’as le ticket chic, t’as le ticket choc», en 1982, à l’origine aussi de l’identité visuelle de la Cité des Sciences et de l’Industrie, avec le collectif Grapus, un joyeux et festif fourre-tout composé de soixante-huit-tards en transe de créativité, bourlingueurs des planches, mines et crayons. Enquillant les agences et les boîtes de pub où sa réputation commence à s’imprimer en 3D dans le milieu très sélectif de la publicité.

 

Les enchères chez Christie’s

Au mitan des années 80, tombe le doute. Taraudée par les pinceaux, les gouaches et les aquarelles, elle remise son tablier de publicitaire pour basculer vers les métiers du livre. D’abord directrice artistique chez Gallimard-Jeunesse pour Blaireau, un mensuel à destination des 3-6 ans, en charge de l’iconographie et de la mise en page pour Hachette, Nathan ou encore Bordas, elle fait un pas de côté et tranche. Ce sera le dessin. Et pour son compte. Revendiquant la liberté de création. Sa liberté tout court. En 2008, elle déboule paisiblement à Savigny, en quête de campagne et de nature.

 

Auteur, dessinatrice, illustratrice, au catalogue de grandes maisons d’édition, elle déroule sa toile et livre un nuancier qui percute et apaise, porté par les contrastes et le paradoxe de la temporalité. Sorte de machine à remonter le temps, à figer l’instant unique. Celui qui n’existe pas. A l’image de ce chat posé entre des fleurs, dans une verdure imaginaire, à moins que ce ne soit dans les jardins du Trocadéro, ou encore cet autre matou, assis sur une chaise bleutée en fer forgé au bord du lac d’Enghien et qui vous interroge du regard, ou peut-être vous appelle au câlin. C’est selon. A vous de voir. Cartes postales pour l’Unicef, timbres pour la Poste, livres, affiches, elle enchaîne les expositions, boulimique de la palette et de la toile. Pas de hasard si elle collabore avec Jean-Pierre Coffe, où elle fait germer des légumes au naturel pour illustrer «Le Marché de Jean-Pierre Coffe», un CD-ROM du virulent critique gastronomique. Pas de hasard non plus si elle est cotée par deux fois chez Christie’s, à Londres, pour deux toiles : «Noix et Fleurs», en 1998, et « Le Boudoir», en 1999.

 

De l’Australie au Petit Vendômois

Ses œuvres font le tour du monde, raflées par des collectionneurs privés, de Chicago à Monaco, de Suisse ou d’Australie. Aussi, quand nous l’avons sollicitée dans le joli jardin de sa maisonnée aux volets bleutés pour illustrer la couverture de ce numéro d’été, nous nous attendions à un refus poli. Un refus sans dédain, au regard de la bienveillance du personnage, mais ferme et définitif. Le regard interrogatif sous ses lunettes pourpres surlignées par ses yeux «vert-de-chat», Isy Ochoa a validé notre proposition incongrue et s’est pliée à l’exercice avec empathie. Sous la contrainte de notre format, remisant papier glacé et dos carré, elle nous a proposé trois crayonnés. L’un de la traditionnelle place Saint-Martin, surplombée par Rochambeau, l’autre de l’hôtel Saillant, à Vendôme, le dernier de la Possonnière, à Couture. Le choix a fait l’objet d’un débat nourri au sein de la rédaction et nous avons opté pour la maison natale de Ronsard. Un choix qui l’a amusée.

Convaincue que Vendôme retiendrait toute notre attention. A la réception du dessin définitif, foin de débat et d’arguments péremptoires : un temps de silence admiratif devant les écrans et le sentiment d’avoir été, le temps d’un été, des privilégiés.

Éditeur de grillewww.isyochoa.com
Contact : isy.ochoa@orange.fr

 

Isy Ochoa

 

S’affranchir en beauté

En mai dernier, Isy Ochoa a mis à nouveau son talent au service de la Poste et au bénéfice de la Croix-Rouge française. Après sa série gourmande sur les saveurs des régions en 2010, vous trouverez dans tous les bureaux de poste un carnet de timbres aux couleurs florales de l’artiste. Une opération qui permet de reverser deux euros sur le prix de vente du carnet à la Croix-Rouge.

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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