Le Verre comme passion
Gérard Torcheux installé dans son atelier à Poncé sur Loir depuis 1982, travaille ce matériau unique, le verre aux multiples couleurs, comme son arrière grand-père.
«Je suis encore aujourd’hui apprenti, j’apprends tous les jours » explique Gérard Torcheux.
Modeste, cet homme a pourtant débuté sa carrière en 1964, en se formant à la verrerie Domec à Bordeaux pendant 5 ans, obtenant son diplôme tout en travaillant. Tout petit déjà, dés l’âge de 7 ans, Gérard était attiré par le verre.
«Cette première expérience m’a appris la chimie, voire l’alchimie, ce matériau réagissant aux réglages des brûleurs comme aux conditions climatiques».
Il intègrera au Castelet à côté de Toulon, une entreprise avec laquelle il apprendra le verre qui se travaille à la main. A Maure Vieille dans les Alpes Maritimes, Gérard utilisera la technique de la pâte de verre. A chaque verrerie, Gérard apprend des spécificités différentes. Ce qui le marquera davantage, c’est sa rencontre à Vallauris avec Alexandre Kostenda, céramiste célèbre. Il avait répondu favorablement à la création d’un atelier de verre, assistant de Monsieur Job, grand verrier cher Baccara. Là il côtoya Jean Marais ou Picasso et apprit une multitude de techniques pendant 3 ans.
Une rencontre avec Thierry et Chantal Robert pour créer l’atelier de verre en 1976 du Moulin de Paillard l’amena dans la Vallée du Loir à Poncé sur Loir. Gérard créera tous les modèles de verres qui correspondaient aux services de table en poterie. Resté 6 ans et après avoir formé 3 verriers, il décide d’aménager enfin son propre atelier en 1982 où il pourra s’exprimer comme il le souhaite.
Car ce qu’il aime par-dessus tout c’est jouer avec les couleurs, Gérard Torcheux est un artiste.
«Je n’ai jamais travaillé, je me suis amusé. J’ai réalisé mon rêve, vivre de ma passion» s’amuse t’il à dire.
Son travail autour du verre n’a été que des pièces d’art, aucune pièce utilitaire. Ce qu’il aime c’est créer,
«je ne note rien, je pratique sans filet, ce qui parfois m’a joué des tours. En prenant des notes, j’ai l’impression de me cloisonner dans ma démarche artistique. Finalement j’aime cette liberté, le risque et la découverte» souligne t’il pour mieux appuyer sa création.
Effectivement on reconnait les années par les couleurs et les formes qui évoluent. Collectionneur lui-même d’objets en verre d’artistes contemporains, Gérard Torcheux prélève depuis peu, une pièce de sa production de temps en temps, pour en garder une trace.
Cette belle histoire devrait prochainement cesser car Gérard a décidé de prendre sa retraite. Aucun successeur à l’horizon même si sa fille travaille également le verre mais sur une technique différente le fusing, elle ne peut reprendre seule l’atelier.
«Ce qui me fait énormément plaisir c’est de savoir que depuis l’aventure du Moulin de Paillard, beaucoup de sarthois sont verriers. Les jeunes que nous avons formé et que j’ai vu passer dans mon atelier sont aujourd’hui encore dans le métier C’est un peu le passage de relais, une transmission comme mon histoire en fait.»
Une page qui va se tourner en 2016, laissant, pour sûr un manque dans la Vallée du Loir.