2005-2015… 11e session des Promenades Photographiques de Vendôme
Quand on proposa à Winston Churchill de couper dans le budget culture pour aider l’effort de guerre, il répondit tout simplement : «Mais alors pourquoi nous battons-nous ?»
Aujourd’hui cette citation est relayée sur tous les réseaux sociaux, dans les lieux culturels, les écoles d’art, les festivals. A la veille de la onzième édition des Promenades Photographiques – déjà une très belle réussite- oui il faut le dire et l’écrire : monter une telle manifestation relève du défi… au-delà de tout ce que l’on peut imaginer.
Au départ, l’idée était de «montrer», d’afficher des photographies dans la ville. La gratuité pour tous les visiteurs en prime. Le projet était présenté en premier lieu à Tours, mais aucune réaction. Alors, ce sera à Vendôme, dans notre cher Loir-et-Cher. Et c’est tant mieux pour nous, pour cette charmante ville qui a bien besoin de faire parler d’elle au-delà de son histoire et de ses monuments. Car en fin de compte chaque petite cité à son charme et son passé. Odile et son équipe ont réussi à faire venir ici les grands noms de la photographie mais aussi des artistes jusqu’alors inconnus. Ils ont su faire revivre des bâtiments totalement abandonnés comme le grand manège, réussi à insuffler un peu d’adrénaline culturelle en accrochant des tirages dans la rue dehors dedans, ouvrir l’Orangerie du château totalement oubliée, faire venir les visiteurs jusque tout là haut dans le parc, là où la vue sur la ville de Vendôme est à couper le souffle. Et l’on peut se dire que cela valait vraiment le coup de venir voir en vrai pourquoi toute la presse nationale – elle qui en général oublie facilement la province – aime à inciter le lecteur à venir visiter une petite ville charmante et son festival de photographie.
Une ville qui n’avait jamais été à la une sur d’autant de titres. Pourquoi, tout simplement parce que la qualité de cette manifestation, la manière dont elle s’approprie la cité fait basculer l’idée que l’on peut se faire de la culture. On découvre. On se promène. On s’attarde à la terrasse d’un café. On fait son petit shopping du moment. On cherche un hébergement, un petit resto sympa… bref, le promeneur vit dans la ville. On se cultive gratuitement et on vit un joli moment, n’est-ce pas là le but de la culture. Mais enfin, à écouter Odile, tout n’est pas établi.
Pour preuve, les Promenades photographiques telles que nous avons eu la chance de les avoir, ne seront peut-être plus par manque de subventions pour aider à boucler un budget anuel de 450 000 euros. On touche de près le nerf de la guerre : les sous ! Toujours la même et éternelle quête. Il y a certainement des impératifs, des choix à faire… bref, on connait la chanson. Mais une chose est sûre : quel dommage de laisser s’évanouir une si belle initiative qui, de plus, a prouvé pendant si longtemps qu’elle fonctionnait !
Des chiffres ? En voilà : 85 000 visiteurs depuis 2005, 250 photographes professionnels ont été exposés avec toujours le même fil conducteur, la photographie occupe la ville, la gratuité, accès pour tous et 90 bénévoles!
Odile nous confie : «Par solidarité, cette année la grande majorité des photographes prêtent leurs expositions, et le laboratoire Picto, fidèle partenaire, assure les tirages à un prix encore plus adapté aux petits moyens de l’association. Si les producteurs ne sont plus payés, il n’y aura plus de photographies, plus de témoignages, plus de laboratoire, il n’y aura plus de festival.»
Reportage : Catherine Taralon
Photos : Marc Broussard