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Pénurie sur la grande place

A Vendôme, les habitants du centre-ville continuent d’espérer la réouverture d’une supérette pour remplacer le Leader Price fermé en juin. Un magasin que certains considèrent comme un service public de proximité.

La marque Leader Price s’était installée il y a deux ans, à la suite de Franprix, sur la place Saint-Martin, au cœur de Vendôme, répondant au besoin de commodité des résidents de l’hyper-centre. Un espace commercial occupé depuis presque vingt ans, c’est peu dire que les habitudes s’y étaient ancrées. Une offre complémentaire de proximité, aux prix abordables, qui évitait de nombreux déplacements vers des moyennes ou grandes surfaces excentrées ou dispatchées en périphérie de la ville. Le 18 juin, à la surprise générale, le magasin fermait ses portes, entraînant le départ ou le reclassement de ses neuf salariés, suscitant le désarroi de nombreux habitants et des commerçants de la place. Une pétition avait été lancée pour le maintien du magasin et en soutien à son personnel. En vain.

«Je marche avec des béquilles et je ne conduis pas, c’est un calvaire pour moi que de prendre un bus pour aller en zone industrielle ou de me rendre faubourg Chartrain pour acheter mes packs d’eau», se plaint Jean, un retraité de 72 ans.

Depuis quatre mois, il sollicite des voisins qui ont une voiture pour faire ses courses à la semaine.

«Auparavant, quand la supérette était ouverte, j’y allais tous les jours et je faisais mes achats en fonction de mes envies de l’instant. Aujourd’hui, il me faut anticiper sur quatre ou cinq jours. J’ai perdu le plaisir de faire mes courses au quotidien, et surtout je sors beaucoup moins de chez moi. Je vois moins de gens aussi», reprend le retraité.

Car Jean avait ses petites habitudes, bavarder avec les caissières ou croiser des anciens collègues dans les rayons avant de se poser ensemble au bistrot du coin. Une fermeture qui affecte aussi les commerçants de l’agora emblématique de Vendôme: «C’est une catastrophe», se désole Stéphanie Daniel, qui tient Tout un fromage, arrivée du faubourg Chartrain en mai pour justement l’attractivité de la place.

«C’est devenu compliqué…»

Nadia et Nicole ont elles aussi changé leurs habitudes. Les deux septuagénaires habitent place Saint-Martin, elles s’organisent pour aller une fois par semaine en grande surface.

«Nous n’avons ni l’une ni l’autre de véhicule, alors on prend le bus le mercredi du côté de l’hôpital pour faire nos courses en hyper-marché dans la zone de l’Industrie. Ça nous prend l’après-midi, mais compte tenu de nos petites retraites, on n’a pas le choix. L’offre en centre-ville est restreinte et assez onéreuse», explique Nadia.

Et les retours de courses sont plutôt chargés, les chariots sont pleins à craquer de victuailles et de bouteilles d’eau.

«J’ai des problèmes d’articulations aux mains et je ne peux pas porter des choses trop lourdes. C’est donc Nicole qui a la gentillesse de charrier nos deux caddies, sinon, il me faudrait faire des allers-retours au quotidien dans la zone industrielle pour répondre à mes besoins», conclut la retraitée, venue spécialement s’installer en cœur de ville pour ses commerces.

Une situation qui pénalise d’abord les personnes âgées, mais pas seulement. Aurélie, jeune maman de 28 ans, habite la rue du Change. Salariée aux horaires décalés, pour elle, la supérette était une vraie opportunité de dépannage.

«Pour les couches, le lait, les fruits et légumes, c’est devenu compliqué. C’était vraiment pratique d’avoir ce type de magasin sous la main. Dans une ville de 17.000 habitants, cela relève presque de la notion de service public. Et je ne comprends pas que ça ne soit pas assez rentable, d’autant qu’il était assez fréquenté et qu’il y avait souvent la queue aux caisses!»

Entre perte de temps, déplacements forcés ou pouvoir d’achat rogné, les habitants sont déconcertés, mais l’espoir d’une réouverture demeure et les rumeurs vont bon train.

«L’amie d’une amie m’a dit qu’une réunion s’était tenue pour établir des contacts avec une marque qui serait intéressée par la reprise», souffle Aurélie.

Une information à prendre donc au conditionnel en termes journalistiques… Alors, info ou intox, y aura t-il un nouveau magasin place Saint-Martin pour Noël?

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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