Tenter de faire vivre les gens ensemble
Nommés par la cour d’appel et suivis par le juge coordinateur, les Conciliateurs de justice sont dix-huit sur le département dont six pour le Vendômois. Peu connus et pourtant indispensables, ils assurent gratuitement et de façon confidentielle et en parfaite impartialité un règlement amiable de litiges et de conflits de la vie quotidienne qui peuvent subvenir entre deux parties. Rencontre avec Emmanuel Olivier, Président de l’association des Conciliateurs de Loir et Cher qui agit à Vendôme et avec Bernard Jiquel, conciliateur de justice à Montoire sur le Loir et Savigny/Braye.
Le Petit Vendômois : Pourquoi vient on voir un conciliateur de justice ?
Emmanuel Olivier : On vient nous voir pour des litiges dans tous les domaines, hormis ceux avec l’administration qui se traitent avec le Défenseur des droits et les litiges d’ordre familial qui sont pris en charge par le juge des affaires familiales. Il y a tout le reste, nos interventions pour 35% des dossiers touchent la consommation, les conflits avec sa banque, un artisan ou avec la vente sur internet. Reste les litiges entre propriétaires et locataires ou les conflits entre voisins surtout au printemps lorsque les haies poussent et que la tondeuse se met en marche.
Bernard Jiquel : Notre rôle est d’écouter chaque partie en conflit, d’abord individuellement puis ensemble. La conciliation ne peut fonctionner que si l’on a entendu les deux et ressenti leur motivation. Puis notre travail, exercé totalement bénévolement, est que chaque partie écoute la version de l’autre, en imposant parfois des règles. Souvent c’est leur dernière chance de trouver une solution avant le tribunal. Certains ne dorment plus et sont minés par le litige qui les préoccupe, souvent même intervient en eux une libération d’être simplement écouté.
LPV : Etre impartial et sans jugement, n’est-ce pas compliqué parfois suivant les affaires que vous traitez ?
EO : Notre mission est bien dans la société de contribuer à ce que les gens découvrent par eux-mêmes une solution à leur litige. Nous ne sommes pas juriste, notre rôle est bien d’écouter pour comprendre la situation et d’être facilitateur pour qu’ils trouvent un dénouement à leur démêlé. Qu’ils soient adultes devant leur conflit et non pas passifs devant un juge. C’est une autre dynamique de le saisir car le juge trouvera une solution par les textes de loi mais il est bien rare que sa décision donne satisfaction aux deux parties.
BJ : Si l’on commence à juger, la conciliation n’aboutit pas. Cela demande de la pratique et des exercices pour être impartial. Nous suivons régulièrement des formations par l’Ecole Nationale de la Magistrature et par des spécialistes dans des domaines précis comme la banque ou l’assurance.
La conciliation est indispensable dans notre société, un moyen simple rapide et gratuit de venir à bout d’un conflit en obtenant un accord amiable sans procès. En 2022, les 18 Conciliateurs de justice du département ont reçu 2 469 personnes physiques ou morales et traité 1435 dossiers dont plus des 2/3 ont été réglés, donnant ainsi à l’accord force de jugement homologué par le juge d’instance.