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Le cri des corps dans le Vendômois

Le rideau se lève sur A Corps et Cris, une nouvelle compagnie théâtrale à Vendôme. Le Petit Vendômois a rencontré Pascale Martineau, auteur, metteur en scène et comédienne professionnelle, à l’origine du projet. Coup de projecteur.

Vous êtes originaire de Loire-Atlantique et vous arrivez de Paris après une carrière bien remplie. Pourquoi ce choix de vous poser à Vendôme ?
J’ai découvert Vendôme un peu par hasard, il y a une quinzaine d’années, lors d’un séjour en amoureux. Coup de foudre immédiat pour la ville, la région et ses habitants. L’histoire, l’architecture, l’eau, la pierre, les troglos, autant d’éléments qui m’ont donné l’envie d’y poser mes spectacles. De par son caractère et son âme si particulière, il apparaît presque évident d’utiliser la ville comme décor principal, mais sans chercher à dénaturer les lieux, plutôt pour s’y fondre, investir tantôt les salles, adaptées ou non, tantôt les rues, les parvis, les places, les parcs.
La ruralité et l’artisanat de la région m’ont touchée aussi. Pour ma part, avant d’habiter la capitale, j’ai grandi du côté de Saint-Nazaire, tous près des chantiers navals, et je viens d’un milieu ouvrier. Quand le déclic pour Vendôme s’est fait, j’ai quitté Paris en 48 heures! Ici, j’aspire à travailler et à partager avec des artistes du spectacle vivant, des musiciens, des danseurs, des plasticiens…

Quelles sont les particularités de votre compagnie ?
J’ai d’abord commencé très jeune dans le théâtre, puis j’ai enchaîné avec le cirque de rue, ce qu’on appelle le «nouveau cirque», mêlant jonglage, contorsion et équilibrisme. Mais le théâtre me manquait, la scène, l’écriture… C’est la raison d’être de la compagnie: mélanger tous les arts pour se retrouver dans un langage commun et créer des spectacles pluridisciplinaires qui sont également des voyages. Nous ne proposons pas du théâtre de salon, les décors sont plutôt modulables et rien n’est figé. Et surtout, en matière d’écriture, le plus important, selon moi, est ce qui n’est pas dit. Le silence, comme en musique, est un élément de la partition théâtrale. Le langage des corps aussi. Avec en fil rouge le temps qui passe, en positif, qui construit, qui peaufine, qui bonifie… Nous sommes plus dans l’onirisme que dans le lyrisme. Par ailleurs, et au-delà de la création de spectacles à proprement parler, la compagnie souhaite mettre en place de plus petites interventions, plus simples, moins formelles, mais régulières, auxquelles ceux qui le souhaitent pourrait assister, le temps d’une pause.

Quels sont les temps forts au calendrier d’A Corps et Cris ?
Nous sommes surtout à la recherche de locaux pour travailler et répéter. Mais avant de solliciter des aides, j’ai pour principe de d’abord montrer ce que nous faisons, la qualité de notre travail, notre envie et notre motivation. Ainsi, grâce à la bienveillance de la conservatrice du musée, nous avons déjà pu présenter cet été «Anna», dans la salle capitulaire du cloître. Une création de 2002 que j’avais déjà jouée au Guichet Montparnasse, à Paris, et au Festival off d’Avignon. Il s’agit d’un monologue d’un peu plus d’une heure qui retrace un trajet de vie et un regard sur le monde, accompagné d’un accordéoniste qui lui travaille aux Bouffes du Nord. La pièce a rencontré un franc succès tant en termes de fréquentation, malgré sa programmation au cœur de l’été, que de réception de la part du public vendômois. «J’ai pleuré pendant, et en sortant je me sentais forte», m’a soufflé une spectatrice à la fin de la représentation.
Aussi, nous avons prévu de reprogrammer «Anna» début 2017, idéalement à la chapelle Saint-Jacques, si la salle est disponible. D’autre part, deux créations sont en cours d’écriture, sur des thèmes récurrents qui me sont chers: l’humanité, l’exclusion, l’isolement, la solitude… Pas pour se morfondre, mais pour rendre beau ce qui ne l’est pas, pour révéler la lumière là où il n’y en a pas…
Ensuite, avec l’aide de la municipalité, nous avons mis en place au Pole Chartrain des ateliers pour les enfants, les ados et les adultes. L’emplacement est idéal, à mi chemin entre le centre-ville et les Rottes, et le groupe des 10/12 ans est déjà complet. Le point d’orgue sera un spectacle où chacun trouvera sa place au fil des ateliers, adaptés à la personnalité de chacun, dans le chant, la danse ou l’écriture. Parce que le théâtre, c’est l’écoute et le respect, le respect de soi et le respect de l’autre.

a-corps-et-cris-1La compagnie A Corps et Cris
Administrativement, c’est une association. Humainement aussi. Une addition de talents venus d’horizons différents et rencontrés parfois au bel hasard d’un trajet en train: Grégory Bourré, formateur social, président de l’association, Stéphanie Guimpel, maquettiste-plasticienne et Emmanuel Chesnes, auteur, musicien.
En maître d’œuvre: Pascale Martineau, auteur, metteur en scène, comédienne professionnelle qui, après le Cours Simon ou les ateliers chez John Berry, a écumé les scènes de Paris, d’Avignon et d’ailleurs. Théâtre, télévision, radio, cinéma, écriture sont au conducteur de cette artiste protéiforme, débordante d’énergie, de projets, et au CV long comme le bras. Une nouvelle compagnie qui vient donc s’inscrire au fronton du label de Vendôme, ville d’art(s) et d’histoire(s).

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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