Regard posé en VendômoisActualités

Un œil vert sur la planète

Photographe, journaliste, écrivain, écologiste avant l’heure, Georges Lévêque balade ses Rollei et Canon depuis plus de quarante ans dans les jardins fertiles de la planète. Portrait d’un Cloysien au naturel.

A 71 ans, Georges Lévêque porte bien. L’homme distille une élégance innée, mâtinée d’érudition et de causticité «so british», sorte de bienveillance revendiquée pour la perfide Albion. Limougeaud d’origine, il fera ses classes vertes entre 1959 et 1962 à l’École d’horticulture du Breuil, à Paris, d’où il repartira diplômé. Après un rapide passage aux pépinières Delbard en qualité de technicien horticole, il entame alors, en autodidacte, un virage vers le journalisme et la photographie. Dès 1967, il devient reporter-photographe «jardin et horticulture», et collabore entre autres avec l’Ami des jardins, Mon jardin & ma maison.

Le journaliste livre à mots choisis quelques-unes des clés de son métier de photographe spécialisé : «Trouver le bon jardin, obtenir l’autorisation du propriétaire, être là au bon moment, composer avec les éléments, choisir son cadrage…» Et quand, autour d’une tasse de thé fumé, on évoque banalement le mot de passion, la réplique est cinglante, presque voltairienne : «Je ne suis passionné par rien, mais tout m’intéresse…» Sans doute par crainte des excès que la passion entraîne et de par sa propension flegmatique.

Quoi qu’il en dise, son cursus et son parcours signent une indéniable appétence pour la nature et l’environnement qui pourrait confiner à l’addiction. De ses longues promenades cloysiennes et quotidiennes à vélo sur le circuit de Montigny-le-Gannelon à son émerveillement pour les jardins du château de Chambiers, en Anjou, il nous confie être «ému» par le bel ouvrage topiaire sculpté par les paysagistes de Chambiers, ses allées de charmille et de rhododendrons.

«Un travail remarquable qui absorbe le volume du château, un rééquilibrage des formes que j’essaie d’amplifier dans mes prises de vue.»

Dans les jardins de Giscard d’Estaing

Pas de hasard s’il est membre de l’association des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE), ou de l’Association des journalistes du jardin et de l’horticulture (AJJH). Pas de hasard non plus s’il a posé ses boîtiers et ses objectifs à Cloyes depuis 1976.

«J’ai été envoûté par un terrain sur lequel je voulais faire construire une maison solaire. Il s’est avéré non-constructible…»

Importe peu, il plantera ses racines à quelques encablures, dans une demeure de charme avec jardin, déroulant ses reportages en France ou en Grande-Bretagne. Une notoriété qui lui vaudra la confiance de Valéry Giscard d’Estaing, lequel lui ouvrira les portes de son hôtel particulier et de ses 400 m2 de jardins de la rue Benouville, dans le très chic XVIe arrondissement parisien. Confiance renouvelée puisqu’il sera convié plus tard par l’épouse du Président, Anne-Aymone Giscard d’Estaing, au château de l’Étoile, à Authon, en Loir-et-Cher.

georges-leveque-une-oeuvre

Photographe, auteur ou co-auteur d’une cinquantaine de livres, Georges Lévêque expose ses œuvres au fil des quatre saisons. De la rose à l’eau, de l’art éphémère au jardin français, du «zéro phyto» aux beautés de l’arboretum, les thèmes se suivent et ne se ressemblent pas. La dernière en date, «Les saisons du Jardin François», s’est tenue de mars à novembre à Préaux-du-Perche, dans l’Orne.

Et quand on l’interroge sur le métier de reporter-photographe, ses contraintes et son nécessaire empirisme, Georges Lévêque se fend d’un sourire sibyllin : «Quoi qu’on fasse, on est toujours en apprentissage.»
Élégance suprême.

Photos de Georges Lévêque
http://georgeslevequejardins.com

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page