La retraite à regret pour les coiffeurs Jégou
Ils ferment leur salon mais pensent à continuer à la maison ! Leny Escudero, Gérard Blanchard, Claude Brasseur, Marcel Cerdan junior entre autres célébrités ont poussé la porte de la rue Saint-Jacques à Montoire-sur-le-Loir.
Qui ne connaît Liliane et Yannick Jégou, les plus anciens commerçants de Montoire encore en activité ? D’autant plus que Yannick s’est longtemps investi pour le sport au sein de la municipalité de Jean-François Proux. Il fut également président de l’Union cycliste montoirienne et, à ce titre, fondateur d’un criterium dédié aux entreprises.
C’est dire si ces coiffeurs-là qui frisent chacun les 79 ans ont du répondant ! «55 ans qu’on a ouvert le salon, c’était en mars 1970, à l’époque, il y avait bien 60 commerces rue Saint-Jacques… Pas besoin de passer le pont pour faire ses courses» raconte Yannick.
Rock Amadour à Montoire
À eux deux, ils ont coiffé trois générations. «On a toujours pris sans rendez-vous, les jeunes comme les anciens, et on a des clients très fidèles.» Liliane faisait plutôt les femmes et les enfants. Pour Leny Escudero, ils s’y sont pris à deux. Pensez : une vedette pareille qui déboule par surprise depuis la maison qu’il venait d’acheter à Ternay. «C’était en 1973, tout le monde fredonnait ses chansons comme l’Amourette (*) ou la Ballade à Sylvie. Il avait déjà les cheveux longs et on l’a toujours coiffé comme ça tant qu’il est venu… »
Le chanteur vend un jour sa maison à l’auteur et scénariste Georges Conchon. « C’est lui qui nous a amené Claude Brasseur : il voulait que je l’inscrive au criterium pour qu’il soit plus crédible dans un rôle de cycliste… » Le film s’appelle Une affaire d’hommes et sort en 1980. D’autres célébrités passent la porte, tel le Tourangeau Gérard Blanchard dont la chanson Rock Amadour a fait un tabac, ou encore l’écrivain Auguste Le Breton en séjour dans un château voisin.
«ça nous manquerait trop de ne plus coiffer les gens»
Mais ce sont les gens d’ici qui auront fait le bonheur du couple. «Presque tous des amis» assure Yannick qui parle d’un «métier de passion». On ne s’étonnera pas, alors, qu’il compte sur lui pour le «sauver» d’un souci de santé récemment apparu. «Nos enfants nous demandent d’arrêter, de nous reposer et de profiter un peu… Mais on va peut-être continuer un peu à travailler, ça nous manquerait trop de ne plus coiffer les gens ! »
Comme l’immeuble de la rue Saint-Jacques est vendu et l’activité arrêtée mi-mars, l’idée serait de se réinstaller en micro-entreprise pour coiffer les clients les plus fidèles. «On le ferait à la maison, à Saint-Quentin. On ne va pas laisser tomber nos amis, quand-même !».
(*) Pour une amourette (1967)