A l’ombre d’un poète classique
Hervé Ribes écrit d’abord pour le plaisir et l’amour banal des mots, « les mots formés dans l’ombre en lettres de lumière ».
Ce Vendômois solitaire et solidaire s’adonne à cette activité comme l’ont fait en d’autres temps Villon, Baudelaire, Nerval, Verlaine et Hugo, ses maîtres à penser. Pourtant, rien ne le prédestinait à l’écriture. « Je n’ai pas appris la poésie à l’école. Je le regrette d’ailleurs. Le besoin, l’envie de composer des poèmes m’est venu comme ça … » Quant à la littérature classique, il l’a découverte sur le tard.
Après «Les lueurs de l’oubli», il vient de publier, aux éditions La Bruyère, son second recueil «De parfums et de ronces». À travers cette œuvre, cet «Orphée de la Lyre» mêle, de façon majestueuse, ses influences poétiques et romancières. On y rencontre tour à tour les personnages de Moby Dick, Edmond Dantès, Jean Valjean, Fantine et Gavroche. Leur présence n’est pas un hasard. En effet, s’il est vrai que cet autodidacte a sa propre personnalité, on retrouve tout de même en lui un point commun avec ces protagonistes, qui nourrissent son âme d’artiste : ils sont, tous, seuls face à l’adversité. Au quotidien, il combat «la misère sociale, l’injustice et la bêtise.»
Avec ses mots, Hervé témoigne des bouleversements du mode de vie et des conséquences engendrées sur le comportement des individus et dans les rapports humains. Il s’insurge notamment contre le fanatisme, conditionné par «des forces obscures», la folie cruelle, la violence d’un monde brutal «qui écrase le brave et piétine l’intègre.» Au fil des vers, il dénonce l’individualisme. Il met également en exergue une société happée par le matérialisme, illusion selon laquelle la valeur d’un individu se mesure à ce qu’il possède. Mais ce n’est pas tout. Dans sa poésie, il est aussi question de vagabondage de l’esprit, d’errance «sans frein d’une lenteur puissante», «l’errance éternelle», «de la force féconde» et de lutte «dans la forêt profonde où plane un lent silence.»
Au-delà des strophes et des rimes enchantées, les écrits de ce passeur de mots invitent les lecteurs à prendre le temps de s’arrêter un instant, observer, écouter autrui, communiquer véritablement, se réjouir des petits bonheurs de la vie quotidienne.
En somme, ils nous aident à sortir de «l’allégorie de la caverne» dans laquelle nous enferme parfois l’ultra-connexion.
Sa dernière composition poétique n’est ni un plaidoyer, ni un réquisitoire. C’est un souffle de vie rythmé, un compagnon de chevet qui apporte de la lumière en cette période de nuit sans fin dans lequel le monde entier est plongé : «l’éclat de sa couleur révèle la conscience.»
Rodolphe NDONG NGOUA
Ce recueil de poèmes est disponible à la Maison de la Presse de Vendôme.