Le liquide au prix de l’or
Le Salon de l’Agriculture vient de fermer ses portes et malgré son succès en nombre d’entrées, on ressent bien une certaine tension chez nos agriculteurs. Outre les réglementations de plus en plus contraignantes ou l’accord signé récemment pour un libre échange entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud, la gestion de l’eau est devenue un sujet important dont certains agriculteurs discutaient dans les allées du salon. Cela malgré les récentes propositions et projets de loi destinés à réduire les normes encadrant les pratiques agricoles. L’année 2024 a peut-être fait oublier cette réalité, mais les années précédentes avaient démontré la nécessité d’être économe de cette ressource qu’est l’eau, indispensable pour l’agriculture et pour nous les hommes.
Rare et polluée, l’eau va devenir de plus en plus chère et peut-être encore plus que pour les minerais, les états se battront demain pour une simple nappe phréatique. Je lisais récemment un article sur l’Homo erectus qui démontrait qu’il y a 1 million d’années, bien avant que l’Homo sapiens quitte l’Afrique, nos lointains ancêtres avaient su s’adapter aux conditions arides, en exploitant de rares points d’eau. Le changement climatique bouleverse le cycle de l’eau, cette ressource abondante autrefois dont la permanence nous souciait peu jusqu’à récemment. Il s’ajoute également à la rareté flagrante le prix de la dépollution dû en grande partie à l’inflation et l’augmentation du prix de l’énergie ainsi que des matières premières nécessaires au traitement de l’eau.
L’agriculteur n’est pas le seul en cause même si fin janvier, la droite sénatoriale vient de voter la suppression de l’Agence Bio chargée de promouvoir justement l’agriculture qui n’utilise pas ces produits. L’industrie a également sa grosse part de responsabilité, on le voit actuellement avec la catastrophe des PFAS, ces substances extrêmement persistantes qui s’accumulent dans les sols, l’eau et toute la chaîne alimentaire.
Les collectivités travaillent le dossier pourchassant les fuites en renouvelant à des prix coûteux les canalisations. D’ailleurs, ces fuites font perdre à la France environ 1 000 millions de m3 d’eau par an, selon le rapport en juin 2024 de l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement. Outre l’entretien du réseau d’eau, Philippe Chambrier, adjoint à la mairie de Vendôme en charge des Espaces Verts et de la propreté nous expliquait que la gestion de l’eau était un dossier d’actualité, cherchant continuellement de nouvelles économies comme la réutilisation de l’eau de la géothermie de la piscine pour nettoyer nos rues ou la récupération des eaux de pluie aux jardins familiaux.
Mais, face à une crise climatique qui s’aggrave, une option un peu folle se répand, vantée par ses promoteurs : la géo-ingénierie solaire. Ce procédé vise à modifier de manière volontaire le climat pour en atténuer le réchauffement ou faire pleuvoir par des techniques très controversées comme l’injection d’aérosols dans la stratosphère ou d’installer des miroirs géants dans l’espace pour renvoyer une partie des rayonnements du soleil afin de refroidir le climat de la terre. Une solution pour ne rien changer à notre consommation et préférer modifier l’atmosphère plutôt que nos modes de vie au risque de jouer aux apprentis sorciers sans possibilité de retour en arrière…