Économie et société

Dessine-moi une réforme…

Tel le peintre esquissant sa toile, l’Assemblée nationale a dévoilé son chevalet régional, votant définitivement la nouvelle carte des régions, au nombre réduit de 22 à 13.

Une des rares réformes promises à voir enfin le jour. Du moins sur le papier. Car les contours de cette toile hexagonale ne sont pour l’instant qu’au séchage, pour ainsi dire à l’état d’ébauche.

Après le dessin à grands traits, il s’agit désormais de donner un brin de relief à la fresque territoriale, et ce au travers d’une palette de compétences à répartir. Le croquis est actuellement posé sur la table. En perspective ? A minima une certaine cohérence. Dans l’idéal ? Une élégance topographique.

Indispensable par exemple en matière de tourisme. Ainsi le rapprochement anticipé par le Loir-et-Cher et la Touraine, devenus Cœur-Val-de-Loire. Une entité qui englobe le Vendômois, la Sologne, la Vallée du Cher et Blois-Chambord, avec à terme une fusion annoncée et une mutualisation des moyens. Une dénomination qui se cale aussi sur celle de la nouvelle Région, désormais, Centre-Val-de-Loire.

carte 13

 La Région en maître d’œuvre
Mais, plus sensibilisés par leur réserve parlementaire que par la répartition des compétences de chacun des acteurs du tourisme, les députés ont préféré laisser les départements et les intercommunalités œuvrer sur la page blanche des attributions, la Région obtenant simplement un rôle de maître d’œuvre. Et le plus dur reste à faire. Alterner entre période bleue et période rose. Ne braquer aucun des intervenants, Georges y compris… Peaufiner le tableau, travailler les détails, s’éloigner du cubisme pour glisser vers un pointillisme teinté d’impressionnisme.

En d’autres termes, et à mots choisis, s’attaquer aux différentes strates tout en respectant l’équilibre du nuancier. Livrer une aquarelle consensuelle, respecter une indispensable homogénéité, trouver une unité de tons dans le triptyque de l’écheveau territorial. Sans caricatures, n’en déplaise à Charlie.

Premiers coups de pinceaux
Loi de décentralisation oblige, les premiers coups de pinceau ont été croqués par les offices de tourisme, qui, pour la plupart, ont choisi comme ligne de force de se regrouper et de former ainsi une structure de pôle. À Vendôme, l’Office de tourisme couvre déjà douze communes. Dans le cadre de cette loi de décentralisation, d’autres municipalités pourraient rejoindre la Communauté de communes, des discussions sont en cours. Dessinant ainsi aux cimaises du tableau noir de la réforme un territoire plus dense. Reste qu’au niveau des départements, hormis l’exemple du Loir-et-Cher et de la Touraine, les interrogations fusent dans l’Hexagone. Seront-ils gommés ou conserveront-ils leurs couleurs ? Pastels ou sanguines ? Brosse ou pinceau ? Comme l’eau dans l’huile, auront-ils un sens dans une région dont certains n’ont jamais fait partie ? Quand certains voient des harmonies, d’autres refusent tout mélange. Les goûts et les couleurs…

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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