Regard posé en VendômoisÉconomie et société

Le rideau est tiré…

L’Hectare Scène venait d’obtenir le label du Centre National de la Marionnette et de nombreux projets se concrétisaient avec une programmation à venir enrichissante. Le 17 mars à midi, il a fermé ses bureaux en même temps que le Minotaure à l’instar de tout le monde du spectacle en France. Retour sur cette expérience inédite avec Frédéric Maurin, son directeur.

 

Le Petit Vendômois : Comment gère-t-on une fin de saison qui se termine à la mi-mars ?
Frédéric Maurin : Comme je l’ai indiqué dans un édito que l’on retrouve sur notre site internet, notre scénario est bien moindre par rapport à la gestion de crise que celui qu’ont pu subir les soignants. Mais notre situation est très particulière car nous avons eu l’impression d’être abattus en plein vol. Nous sommes entraînés chaque année pour les évacuations du public dans un incendie car c’est notre quotidien mais avec cet arrêt total, nous n’avions pas les outils préfabriqués pour ce genre de circonstance. Les choses s’enchaînaient et tout s’arrête.

 

Il a fallu que l’on réagisse très rapidement avec un personnel confiné chez lui, organiser le télétravail en 48h, ce que nous avons réussi à faire grâce à l’implication de tous. Gérer les annulations avec les équipes artistiques mais nous avons fait le choix de payer les contrats qui étaient engagés jusqu’à la fin de saison en juin. Les artistes sont les premiers impactés par les conséquences de cette pandémie mais en même temps nous n’avons pas enclenché du chômage partiel, une sorte de solidarité nationale, d’autres corps de métiers en avaient bien plus besoin. Grâce à ce dispositif de subventionnement, nous avons pu pondérer le choc social sur le temps d’avril, mai et juin. Après, si la crise s’installe dans la durée, ce sera un autre problème….

 

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Le Petit Vendômois : Et donc à quand la présentation de la rentrée artistique de septembre ?
Frédéric Maurin : Toute l’équipe en télétravail a pu œuvrer à la mise en musique de cette saison 2020/2021 qui devrait recommencer en septembre mais avec un point d’interrogation tout de même. Si les gestes sanitaires draconiens avec distanciation physique perdurent en septembre cela posera sûrement un problème économique. Car, accueillir 150 ou 200 personnes dans un théâtre qui contient 800 places, ce ne sera pas possible et il faudra alors reformater notre modèle économique. Cette fameuse soirée de présentation de saison qui se déroule chaque année en juin et qui accueille nos nombreux abonnés est pour l’instant décalée à septembre mais on reste prudent. C’est un événement, un rendez-vous annuel très apprécié des Vendômois. On réfléchit peut-être à une présentation en visio sur les réseaux sociaux ou alors en faisant plusieurs petites présentations avec un public restreint à chaque fois. La saison est déjà écrite mais elle reste en questionnement. Même notre festival de marionnettes «Avec ou sans fil» prévu en février 2021 avec des troupes de 9 nationalités différentes est en suspens car tout doit être acté avant la fin juillet pour réserver les artistes à des dates précises. Les tournées, les concerts, les représentations se préparent souvent un an à l’avance.

 

En tant que président du Syndicat National des Scènes Publiques (SNSP), pendant la période de confinement je fus en contact téléphonique toutes les semaines avec le Ministre, Franck Riester, et depuis l’amorce du déconfinement, l’accueil du public dans un espace clos reste encore très complexe à ce jour. Ils en ont conscience bien sûr mais le ministère est dans l’incapacité de nous répondre pour l’instant. S’il y a une deuxième vague en septembre, cela peut être catastrophique. Le monde du spectacle reste en grande difficulté aujourd’hui mais j’espère sincèrement que nous pourrons tous prochainement nous réjouir et nous émouvoir devant un spectacle.

 

Propos recueillis par Alexandre Fleury

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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