Editorial de juin 2016 : Des idées toutes faites
Être ou ne pas être français. A notre époque, on ne devrait plus se poser la question.
L’Europe se raidit, devient violente avec un repli identitaire de plus en plus marqué par la montée nationaliste dans chaque pays de l’union. En 2016, nous sommes appelés à vivre exposés les uns aux autres, les uns avec les autres et non enfermés dans des frontières. On devient un être humain en allant vers les autres, pas en restant prostré dans une identité. L’important c’est le trajet, les rencontres avec d’autres hommes, c’est l’avenir de l’humanité.
Grâce notamment à sa riche histoire, la France pourrait jouer le moteur d’un changement. Elle évolue doucement, elle y est obligée. La nostalgie d’un passé résolu, bien qu’important à connaître, ne peut que freiner l’avenir. Assigner un individu à sa seule identité, c’est un peu croire que seul le cadre national peut unir les français dans ce sentiment d’appartenance partagé, illusion que la frontière protège.
Oublier aussi un peu vite que la France est cosmopolite, terre de confessions de toutes provenances et de multiples cultures. Mais si je prône la tolérance, ce n’est pas non plus une position rêveuse, dispensant la bienveillance à qui le veut. Il faut simplement une position dynamique pour prévoir, comprendre et promouvoir. Osons autrement !
Cette accélération doit également s’accompagner d’idéaux de progrès. Le monde change, plus il se complexifie, plus nous allons vers des idées simples, c’est assez troublant. La France souffre d’une crise identitaire qui s’accompagne d’une crise de projection, de perte d’horizon et de sens. Quand est-ce que la classe politique changera et osera? Les pensées sont sclérosées, la classe dirigeante reste la même depuis 30 ans avec les mêmes solutions.
Et puis ne rien toucher de nos institutions au nom d’un acquis social qui n’a plus lieu d’être sans comprendre notre monde actuel, c’est effectivement reculer. Un peu comme si une entreprise ne se remettait jamais en question, comme si elle ne se projetait pas dans le futur, elle ne durerait pas et déclinerait petit à petit. L’individu se retourne naturellement vers un passé idéalisé sans pouvoir s’en détacher alors qu’il pourrait l’envisager comme une somme d’expériences utiles pour l’avenir. Le changement n’est pas naturel, il faut l’anticiper sinon chacun le subira et autant le décider efficacement pour être maître de nos décisions. «Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge» disait Winston Churchill, petit homme politique anglais aux décisions sans importantes.