Éditos

L’édito d’Alex : Origine France plus garantie

Discrètement mais sûrement, la transparence alimentaire vient de faire un pas en arrière. Certes, le décret qui obligeait les industriels à mentionner l’origine de la viande et du lait sur l’emballage de leurs plats préparés, était «expérimental», même l’Europe n’y était pas du tout favorable. Une mesure mise en place en 2017, après l’affaire découverte en 2013 des célèbres lasagnes à la viande de cheval de Roumanie. A l’heure de nouveaux scandales, Buitoni, Kinder ou Lactalis, le gouvernement vient d’annoncer ne pas prolonger l’expérimentation de la mention obligatoire de l’origine de la viande sur les produits transformés des entreprises agro-alimentaires.

Estimant que ce décret était trop fragile d’un point de vue juridique et après une requête déposée par Lactalis qui demandait l’annulation de cette obligation soutenant qu’elle était contraire au règlement du Parlement Européen et du Conseil de l’Union Européenne, l’incompréhension des milieux professionnels grandit. Une inquiétude, tant du côté des consommateurs qui désirent savoir précisément ce qu’ils mangent, que du côté des éleveurs français qui redoutent la concurrence étrangère.

Ainsi, l’industriel, pour lequel ce changement n’est pas passé inaperçu, se tournerait, dans une démarche de rentabilité, vers une viande d’importation comme pour les poulets brésiliens. Qu’allons-nous retrouver dans nos assiettes ? Nous pourrions alors, ces prochains mois, sans le savoir, consommer des produits à base de viande issue de pays qui ne respectent pas toutes nos normes alimentaires imposées par l’Europe qui plus est !

La mention de l’origine fait aujourd’hui les frais d’une réglementation européenne défavorable, l’expérimentation française autorisée par Bruxelles pour cinq ans a donc pris fin en catimini. Heureusement, les industriels de l’agro-alimentaire français n’escamoteront pas encore cette mention d’origine sur les emballages car elle est bien souvent devenue un outil marketing pour séduire les acheteurs. Pour preuve l’Interprofession du Bétail et des Viandes permet à 90 fabricants d’utiliser le logo «Viande bovine Française» pour valoriser la viande d’animaux élevés en France, en échange du respect d’un cahier des charges et de contrôles.

Pour la viande crue de chez l’artisan-boucher, l’affichage de l’origine demeure évidemment imposé mais reste à savoir si le fait d’ajouter de l’huile pour faire un carpaccio par exemple exonère l’industriel de cette obligation. C’est un non-sens surtout qu’en mars 2022, paradoxalement et fort heureusement, dans la restauration collective, l’affichage de l’origine des viandes est devenu obligatoire en France !

Alexandre FLEURY

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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