Un jeune Vendômois se lance dans un concours d’ éloquence
D’abord documentaire diffusé par la télévision en novembre 2016, puis film (rallongé de quelque 20 minutes par rapport à l’orignal) projeté en salles depuis avril dernier, «À voix haute» ou «La force de la parole» ne peut laisser personne insensible. Cinéphile convaincu, je le classerai dans les vingt œuvres les plus appréciées de mes cinq dernières années de fréquentation de salles obscures, au rythme de trois toiles par semaine en moyenne.
Réalisé par Stéphane de Freitas et Ladj Ly, ce film retrace le déroulement d’un concours d’ éloquence nommé «Éloquentia » lancé dans le département de La Seine-Saint-Denis à l’Université Paris VIII, dans le cadre d’activités extra-cursus et basé sur le volontariat.
Vedette de cet opus, le jeune Eddy Moniot, vainqueur du concours de l’année 2015-2016, est venu animer, aux Lobis, à Blois, le débat qui a suivi la projection.
Parmi les spectateurs, Fabien Brunet, un Vendômois de 19 ans, venu là, avec ses parents et sa sœur, semblait bien plus intéressé que les autres. Et pour cause, il a participé aux sélections du concours 2016-2017 et se prépare à celui de l’année universitaire qui arrive, en se sentant mieux armé et plus mûr.
Ancien élève du collège Robert-Lasneau, puis du lycée Ronsard à Vendôme, il est parti, avec un bac ES en poche, suivre des cours de Sciences Politiques à Paris VIII où il a entendu parler de l’opération d’éloquence… dont il a suivi tous les cours, à raison de six samedis, de 9 à 18 heures, en non-stop, avec les mêmes animateurs que dans le film, avocat, prof de slam ou de théâtre, tous intervenants bénévoles. Pour le plaisir de faire partager, à d’autres, leurs passions et les aider à franchir un grand pas dans l’expression, le verbe, la gestuelle, en se domptant et en s’apprivoisant eux-mêmes.
«C’est parfois violent dans la formation», commente Fabien qui avoue avoir été séduit et y être allé après avoir vu le film à la télé, pour ne plus se sentir seul, aussi. «J’ai de suite progressé dans mon comportement, un peu timide au départ, puis dynamique au fil des cours, des échanges et, aussi, des remises en cause. On a évolué dans nos comportements en se regardant aussi et sur 160, de tous âges au départ (17 ans pour la plus jeune, une femme, et 27 pour l’homme le plus âgé) au départ, j’ai terminé dans les 32 «finalistes». Il y a une ambiance inexplicable dans les cours et le summum est atteint lors de la finale. Depuis, je me suis investi encore plus dans la coopérative qui gère cette activité, hors-cursus, car tout est basé sur le volontariat et j’espère rejoindre prochainement le bureau.»
L’avenir ? Fabien Brunet voudrait tâter de la politique en entrant en tant que conseiller d’une femme ou d’un homme politique installé(e), avant de se lancer lui-même dans ce créneau. Il milite déjà dans un parti et voudrait bien lancer en Vendômois le même type de concours d’éloquence autour des lycées Ronsard, Ampère, d’Areines et Saint-Joseph, pour, avec de bonnes volontés locales bénévoles, pouvoir aider les jeunes, de toutes conditions, à mieux se connaître, s’ouvrir à l’autre, réfléchir aux questions de son époque et se baser sur le credo d’Eddy Moniot qui développe trois points simples : articuler, aimer les mots et les connaître pour mieux les utiliser et les dompter, et savoir faire des pauses dans son intervention. Un vaste programme que Fabien veut défendre devant le maximum de compagnons de route…en lançant son idée locale.