« Raconter un nouveau récit de la démocratie »
Après une tournée dans toute la France, «Printemps citoyen», le film de Ryslaine Boumahdi, a investi les salles de cinéma du Loir-et-Cher et de la région. Le Petit Vendômois a rencontré en exclusivité sa réalisatrice.
De quoi parle votre film ?
«L’idée de ce film est née de mon envie de redonner aux citoyens, à moi-même, l’espoir qu’il est possible de réinventer nos démocraties. Le film part d’un constat : nos systèmes politiques traversent une profonde crise de représentation. Plutôt que de s’arrêter sur ce constat, ou de nourrir un sentiment de frustration, j’ai voulu à travers «Printemps citoyen» raconter un nouveau récit de la démocratie et proposer des solutions plurielles. Pour cela, je suis partie dans cinq pays à la rencontre d’initiatives citoyennes qui expérimentent des idées, des outils digitaux dans le but de réinventer nos démocraties.
Vous diffusez «Printemps citoyen» partout en France, sans pourtant qu’il soit programmé par les canaux habituels de distribution. Est-ce un choix ?
Le documentaire a été réalisé de manière indépendante d’un point de vue éditorial et financier. Il n’a pas bénéficié d’aides comme celle du Centre national du cinéma (CNC). Nous voulions que la distribution se fasse dans le même état d’esprit. Cela nous permet une plus grande flexibilité dans la diffusion et dans le choix des intervenants lors des débats qui suivent la projection.
Comment s’est passé le tournage ? En particulier dans les pays arabes ?
Les tournages se sont très bien déroulés malgré les restrictions techniques et logistiques liées au budget. Les intervenants nous ont reçus avec beaucoup d’enthousiasme et de disponibilité. Concernant les pays arabes, il n’y a pas eu de tournage. Des initiatives tunisiennes faisaient partie des projets sélectionnés, mais les impératifs budgétaires n’ont pas permis d’organiser un tournage en Tunisie.
Les projections sont suivies d’un débat, qui sont les intervenants et quelle est la teneur des échanges ?
L’organisation de débats après la projection me tient à cœur. Elle représente d’une certaine manière la mise en pratique de ce qui est évoqué dans le documentaire. C’est-à-dire l’importance de retrouver des espaces d’échanges, de discussions, de propositions, de découvertes… Des espaces où les citoyens peuvent dialoguer sur le devenir de leur démocratie. Les intervenants sont en général des personnes qui, à partir de leurs expériences, peuvent enrichir la discussion. Ils peuvent être membres de mouvement sensibles à cette question du renouveau démocratique, comme Les Colibris ou Les Amis du Monde diplomatique. Nous faisons également appel à des personnes dotées d’une expertise liée au sujet, professeur de droit, de politique… Le contenu des débats est donc en fonction du profil des intervenants et nous tentons de laisser un grand temps de parole aux personnes venues voir le documentaire.»
Propos recueillis par Jean-Michel Véry
Les séances a Vendôme et dans la région
Le 5 juillet, Ciné Vendôme, rue Darreau, à Vendôme, 20h45 ;
Le 6 juillet, Le Palace, à Romorantin-Lanthenay ;
Le 7 juillet, Ciné A, à Amboise ;
Le 10 juillet, Le Rabelais, à Chinon.
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« Printemps citoyen », de Ryslaine Boumahdi, MPTN Production, 2017
2010 : les Tunisiens s’emparent des rues et déclenchent une révolution pour mettre un terme à la dictature de Ben Ali. Le soulèvement devient viral et s’étend à de nombreux pays arabes : Egypte, Bahreïn, Maroc, Syrie, Jordanie… Après 2011, la révolte se propage dans le monde entier. Espagne, Islande, Etats-Unis, Brésil, Hong-Kong, plusieurs séries de manifestations rassemblant des millions de personnes secouent de nombreuses démocraties «modernes». Les citoyens expriment leurs désaccords face à leur gouvernement respectif et à une dictature de l’économie. Le film souligne la multiplication de ces mouvements et dessine les contours d’une nouvelle forme d’action collective propre à notre société, dite de l’information, et dans laquelle les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant.