Des feuilles comme s’il en pleuvait ! C’est de saison…
Il en rêvait, il l’a fait! Décidément on pensait que la morosité s’installait comme l’automne, mais non, bien au contraire. Voilà une jolie histoire, et une de plus, juste pour bien saisir que faire ce que l’on aime vous tire vers le haut et c’est l’important.
Après les Beaux-Arts, la fac d’histoire de l’art sur Tours, Laurent Sutter devient objecteur de conscience de 89 à 91 (service national civil). Là, il adhère au travail dans les associations dans le milieu du cinéma, et prend très rapidement le statut d’intermittent du spectacle comme éclairagiste. Tout roule à l’époque, des boulots il y en avait pléthore. 2003, le début du grand chamboulement. Plus de travail, il est toujours en Touraine, et, un jour, il apprend qu’une société géomètre cherchait quelqu’un en urgence. Ni une, ni deux, Laurent se présente, suit une formation, il adore apprendre (c’est l’héritage de son père qui dévore tous les bouquins ) et le voici diplômé en 2004. Grands travaux du tramway de Tours, dans les moindres détails, il s’éclate au millimètre près bien entendu. 2013, soucis de santé, obligation de dévier sa route. Il a toujours voulu installer une galerie d’art. Alors, la cinquantaine installée, il prend le taureau par les cornes et rentre à La Chartre-sur-le Loir chez Marie Liesse. Tous les deux papotent et échangent leurs cartes.
Vingt minutes plus tard, Marie Liesse lui dit au téléphone «Ne cherchez pas, je vous loue mon lieu !»
Et voilà, tout se met en place. Il rencontre un bouquiniste qui liquidait son stock. Aubaine, 1200 livres, d’Arlequin à Shakespeare et en prime, cadeau de son mobilier fait sur mesure (très malin comme concept, des étagères qui font en sorte que l’on voit immédiatement la tranche des bouquins par petits lots). La Galerie est vaste, lumineuse, les passants marquent un arrêt devant les vitrines, un lieu attirant par la diversité des collections et également pour le matériel pour les amateurs et professionnels de dessins et de peinture (dans le secteur il n’y avait strictement rien !).
Laurent est réellement bien installé. Le bureau face aux trésors, les livres très haut de gamme, comme ce «Voyage extraordinaire» de Jules Verne, éditons Hetzel, normalement on les connait en rouge ou en vert, mais là il est violet alors ce sera Maître Rouillac qui le mettra dans ses prochaines ventes de livres anciens. Mais si vous n’avez en poche que 2 euros vous pourrez également trouver ici votre petit bonheur. Incroyable tout ce qu’il a chiné, des catalogues des grandes expositions, (le Moma) aux «que sais je» il en a une flopée… mais pas le n° 1 !
On devrait plûtot chercher ce qu’il n’a pas. On a aimé, «Les plantes» 1922 Paris Larousse, une petite merveille avec des illustrations à tomber et un prix hyper accessible, les portefolios comme celui des éditions Delmas «Châteaux de la Loire», ou le Canard enchaîné du 8 mai 1968, un peu mité certes mais tellement relique ! A cette adresse, c’est comme il y a des années, chez les disquaires, on rentre, on échange, et on craque…
Lieu d’expositions, de peintures, de photographies, de sculptures, un sacré programme et pour finir, un coin fauteuils table basse, la belle vie quoi !
Galerie Nocogo, 25, rue Nationale, 72340 La Chartre sur le Loir
Tél: 02 43 44 41 37, www.nocogo.fr
Reportage Catherine Taralon
Photos Marc Broussard