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Fontaine, je boirai de ton eau…

Le château de Blois engage la restauration de la célèbre fontaine du jardin de la reine. Une œuvre d’exception qui collectionne les misères et les mystères. A découvrir fin mars.

Du marbre de carrare, une vasque ronde précieusement sculptée, les armoiries et les initiales de Louis XII et d’Anne de Bretagne, un bassin octogonal… et au milieu coule une fontaine. Réalisée en 1505, à Tours, probablement par des artistes italiens, et posée au château de Blois, la fontaine du jardin de la reine, œuvre patrimoniale exceptionnelle du XVIe siècle, va retrouver son lustre d’antan. Confiée aux mains expertes du conservateur-restaurateur tourangeau Olivier Rolland, elle est l’unique vestige du jardin de la reine, aujourd’hui disparu.

Créés par Louis XII, « le père du peuple », les jardins du château de Blois, parsemés de fontaines, sont considérés comme les premiers jardins Renaissance. Mais le temps a fait son œuvre sur la seule pièce d’eau qui demeurait de cette époque. Assorti d’accidents en cascade qui se sont abattus sur la « belle » comme les sept plaies d’Égypte. D’abord l’effondrement d’une charpente, au XVIIe siècle, suivi de la disparition des fragments de la fontaine. Des morceaux qui réapparaissent mystérieusement deux cents ans plus tard. Et qui concentrent toutes les attentions et les bonnes volontés pour la réhabiliter. Mais un manque de maîtrise des techniques ancestrales va desservir sa cause. Les diverses restaurations ne convainquent pas.

Solide comme un rock

Ultime coup de grâce, à l’occasion d’un concert donné au château par le rockeur Iggy Pop, en juin 2007, un camion vient percuter la fontaine pendant l’installation du matériel scénique du groupe. Les dégâts sont énormes, et les coûts de rénovation s’envolent. Pour mener à bien les travaux, il faut avancer à petits pas et ôter les quatre types de matériau, dont un grossier ciment, flanqué à la va-vite lors d’une précédente intervention. C’est le travail engagé depuis peu par le conservateur Olivier Rolland, qui considère la fontaine « d’une qualité époustouflante ». Et qui souhaite  « respecter et s’approcher au plus près de l’œuvre originale ». Soit 280 heures de patience et de minutie pour choyer l’ouvrage et lui redonner vie.

Et 83300 euros d’investissement, en cofinancement avec la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac), la Ville de Blois et la Société des amis du château, dont 25800 euros pris en charge par les assurances suite au malencontreux accident du camion-régie du rockeur américain.. Au grand bonheur des amateurs d’art et d’histoire, ce vestige rarissime de ces jardins royaux, va donc prochainement être rendu au public. A Pâques, la fontaine trônera au rez-de-chaussée de l’aile François Ier, précisément dans la salle d’architecture consacrée à l’aile Louis XII. Au-delà du temps et de ses aléas, l’histoire continue.

Pour en savoir plus : www.chateaudeblois.fr

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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