Le beau diptyque artistique de Montoire
Un couple insolite et des créations qui vont de pair. C’est un véritable marathon de l’art. Ces deux-là n’arrêtent pas. Une véritable ruche bourdonne dans leur maison-atelier de Montoire. Ou comment deux autodidactes en sont arrivés là.
A eux deux, en trois mots, impossible de dresser le nombre de médailles, de prix, de foires expos où ils sont passés et où ils iront. Une porte cochère en bois comme il y avait partout afin de permettre aux charrettes de passer. Une ancienne forge, transformée en maison de ville, avec son entrée, sa cour et ses ateliers en perte de vitesse cherchait son repreneur. Super ! Il fallait absolument que se soit pour nous, dixit Sophie Delpy, qui souhaitait quitter les troglos où elle avait déjà bien fonctionné. Car c’est dans le Loir-et-Cher, à Trôo, qu’elle a vendu son premier tableau. Un 40 X 60, «il était très sombre, un peu cathartique… dans les noirs, abstrait bien entendu… à l’époque j’étais dans l’abstrait». Elle a son job dans le social, elle peint le soir et les week-ends. Elle change de cap au bout de dix ans d’abstrait pour aller dans le figuratif. «Je suis incapable de faire de l’abstrait aujourd’hui… comme quoi» !
Dès la réalisation de son travail sur le versant du figuratif, elle se sent mieux. Ses personnages prennent vie, et tout son petit monde imaginaire l’accapare tant est si bien que lui vient l’envie de travailler la céramique. Qu’à cela ne tienne : deux années d’apprentissage sur Saint-Calais avec G. Baudry, un pro du Raku, une technique d’émaillage, et trois années encore avant d’attaquer des pièces à son style.
Sophie avance, sait qu’elle doit faire un choix… Ce sera l’artistique à temps complet. Après une maison d’hôtes colorée comme elle aime, elle monte l’atelier de paillage «Bleu paille». «C’est compliqué le paillage, plus que le cannage, mais très exigeant et rigoureux comme travail.» Les commandes sont très sérieuses. Il s’agit de la restauration du mobilier des châteaux. Elle veut vivre avec des couleurs partout, son univers.
Rencontre au sommet à Courtanvaux
Les T’art’Empions naissent et à ce jour sont toujours en pleine gloire. Ils étaient présents au Grand Palais à Art Capital et ce depuis trois ans. Figurines naïves, céramique, peinture et métal de récupération de son ami Giovanni. Rien de trop sérieux dans les créations. Leurs pièces séduisent, à tel point que l’on se demande si un de leurs clients ne va pas un jour monter une expo avec toute sa collection ! Sophie a envie d’évoluer. D’abord une rencontre à Tours, à l’Art au Quotidien, puis au Château de Courtanvaux, fait que, un Italien, sculpteur, chaudronnier, soudeur, qui consomme pas loin de cinq tonnes de rebuts métalliques par an, Giovanni Scarciello expose aussi ses pièces. Du bestiaire. Sophie a le coup d’œil sur les créations mais aussi sur l’auteur. Tant est si bien qu’ils ne se quittent plus et bossent ensemble pour le meilleur et pour le pire.
Lui a son atelier troglodyte en sortie de Montoire et depuis vingt ans se consacre entièrement à la sculpture métal. Vive la ferraille qui prend une deuxième vie en personnages filiformes, en gigantesques oiseaux, ou bien en robots. A ce jour, avec l’influence du street art, l’ancienne cour de la forge prend des allures d’atelier expositions.
De la couleur Sophie en applique sur les murs, sur les personnages, de la céramique à la peinture sur toile, des sculptures végétales, tout leur petit monde vit bien, tout proche de leur maison. «Pas Sage à l’Art» : c’est le slogan apposé sur l’entrée de l’ancienne forge. Après avoir passé la porte, on peut jouer à la marelle peinte sur le béton d’origine, avec un ciel bleu, bien entendu. Deux grands oiseaux en métal rouillé signés Giovanni vous accueillent. Ce tandem a d’autres projets, comme celui d’ouvrir un des hangars et d’y installer un four, monter un atelier d’été dans un autre dédale près d’un petit jardinet, et puis du côté rue. On ne pourra plus passer sans remarquer cette adresse, avec un décor sur toute la façade, tonique, amusant, joyeux. Les T’Art’Empions s’afficheront entre la porte et les volets !
Il est vrai que la France a du retard à ce niveau-là, quand on la compare avec l’Allemagne, l’Autriche, l’Afrique, entre autres, où dans les villages, les villes, les maisons retiennent les décors et la couleur. Voilà, on ne s’ennuie pas du côté de Montoire-sur-le-Loir, en voici un aperçu.
Photos Marc Broussard
L’info en plus
Cet été, Giovanni, sera à la Biennale de Ruillé. Les deux artistes exposeront aussi à la mairie de Blois et à «Trôo les Ephémères», entre autres.
Maison-Atelier, expo permanente, Sophie Delpy et Giovanni Scarciello, ouvert chaque 1er et 3e week-end de chaque mois, les vendredi, samedis et dimanches de 10h à 19 h, avec parfois des apéros à participation. Au 36 rue Saint-Jacques, à Montoire-sur-le-Loir. Ouvert cet été du 9 au 15 août pendant le Festival de Montoire.
Contact : 06 31 07 29 87,
www.sophie-delpy.com et
www.gscarciello.com