Alerte rouge sur les finances du département pour 2016 et sûrement en 2017
Le roi n’était vraiment pas son cousin, lundi 26 octobre, quand, dès l’ouverture de la session consacrée au budget modificatif, le président du Conseil départemental a claironné, devant ses pairs, que la chambre régionale des comptes, qui avait examiné, de près, la gestion du département, entre 2009 et 2013, l’avait jugée très bonne.
Et, avec une joie non dissimulée, accompagnée d’une jouissance orale mâtinée d’humour, comme il sait le faire quand tout va bien, Maurice Leroy a martelé «Outre la chambre régionale des comptes qui a salué la gestion saine et maîtrisée de notre collectivité, l’exemple de notre centrale d’achats mutualisée, Approlys, avec l’Eure-et-Loir et le Loiret, a été cité, dans son rapport national par Didier Migaud, président de la Cour des comptes, comme un modèle exemplaire de bonne pratique. Il est certes socialiste, mais il a réagi en haut magistrat indépendant».
Tout baigne joyeusement donc pour le 41. L’ambiance était, déjà au rose, avec l’application de l’idée de Geneviève Baraban, chef de file de Loir-et-Cher Autrement, concrétisée par le sigle d’Octobre Rose arboré par la majorité des conseillers départementaux, certaines dames ayant même joué du rose avec des écharpes ou autre vêtement. Un rappel fut lancé par le président Leroy pour que le maximum de contrôles puisse empêcher la propagation de ce type de cancer et les débats furent lancés…, après des vœux de bon et prompt rétablissement adressés à Jean-Marie Janssens (Montrichard) hospitalisé à Tours, durant le week-end.
Le budget présente des économies à 8,8 millions, avec O,1% de modification du budget prévisionnel 2015, dont un million en charges de personnel. Toutefois, l’avenir ne s’annonce pas si rose que ça. Même s’il fait partie des départements parfaitement gérés, sans augmentation de fiscalité depuis 9 ans, avec toujours des transports scolaires gratuits, ce qui n’existe que dans 7 départements de France, le Loir-et-Cher n’est pas à l’abri de tempêtes annoncées pour l’an prochain et surtout pour 2017. L’État doit tout de même 281,7 millions d’euros pour non-financement des allocations individuelles de solidarité, le RSA, étant supporté, à ce jour, par les habitants du département alors qu’il devrait être assumé par la Nation.
Au lancement du RSA en Loir-et-Cher, département-pilote, avec Martin Hirsch, il y avait 5.000 allocataires du RSA alors qu’il en est dénombré 9.454 actuellement (87 millions/an)! Si l’on y ajoute l’allocation personnalisée d’autonomie, avec 183 millions, et la prestation de compensation du handicap, avec 27 millions, on se pose des questions quant à l’avenir financier de l’équilibre, le Loir-et-Cher devenant de plus en plus vieillissant et la situation de l’emploi n’étant pas très florissante, sans oublier la chute de l’activité de l’immobilier, d’où réduction des droits de mutation. Si l’État ne règle pas sa dette, une quarantaine de départements, tous à la même enseigne, ne boucleront pas leur budget en 2016 et ils seront entre 60 et 70 en 2017, dont le Loir-et-Cher. La situation serait stabilisée avec une augmentation des impôts de près 40%, notamment en bâti foncier.
«Il n’en est pas question et nous allons repousser, pour la première fois, le vote du budget 2016. Je ne veux pas voter de budget insincère. Ou pas tout de suite. D’ici là…» a conclu le président Leroy, non sans avoir évoqué, rapidement, entre deux dossiers, l’enjeu des prochaines élections régionales.
Le roi n’est certes pas son cousin, mais cela ne l’empêche pas de remettre les pendules à l’heure à la veille d’un scrutin qui risque d’en surprendre plus d’un(e), entre la Saint-Nicolas et Noël. La dinde aura un goût amer pour certains dindons de la…farce tranquille.
Richard MULSANS