Saint-Vincent de Paul abrite les réfugiés
A l’Assemblée nationale, dans les médias ou dans la sphère publique, l’accueil des réfugiés divise. A Vendôme, l’association de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, une société caritative qui existe depuis le XIXe siècle, a tranché. Elle a investi dans l’achat d’une maison en centre-ville pour y abriter trois familles en exil.
Venus d’Arménie, de Géorgie ou de Tchétchénie, refoulés de Lyon, de Nice ou de Besançon, ils ont été poussés par les vents mauvais qui soufflent sur leurs pays d’origine, en proie aux affres politiques ou aux aléas économiques. Certains sont Bac+5, d’autres étaient entrepreneurs. Ils sont arrivés en France depuis deux à quatre ans, cheminant d’une ville à l’autre, de gare en gare, avec enfants et bagages, arrivés à Vendôme par hasard. Et le hasard fait parfois bien les choses.
«L’association a bénéficié d’un legs. Plutôt que de thésauriser ou de débloquer des fonds au coup par coup pour répondre à la problématique, nous avons opté pour une solution pérenne : l’achat d’une maison», explique Hubert Gérardin, membre de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, au cœur du collectif créé tout spécialement pour l’opération, en collaboration active avec les paroisses de Vendôme. Cet ancien notaire vendômois n’a pas hésité à investir 160000 euros sue le legs pour offrir un toit à ces familles déracinées. Et le «retour sur investissement» est venu tout naturellement de la part de ces réfugiés.
Arrivés à l’improviste, nous sommes d’abord accueillis chaleureusement par Zarema dans la grande cuisine partagée de la maisonnée, impeccablement tenue par cette maman tchétchène de cinq enfants. Quatorze personnes y sont abritées, trois familles, cinq adultes et neuf enfants pour six chambres et trois nationalités qui cohabitent paisiblement. Un café chaud, quelques gâteaux maison et le plein de sourires. Rezi, en 6e au collège Saint-Joseph, rentre à peine de l’école. Très à l’aise en français, il fait office de traducteur dans nos échanges avec sa maman. On parle foot, il répond «Ronaldo !». Affichant un semblant d’insouciance retrouvée, sa scolarité lui tient particulièrement à cœur, sorte de passerelle pour les générations qui se côtoient à la maison, mais la gravité de son regard imprime l’adversité rencontrée au fil des errances.
Bénévoles au Secours catholique
A quelques pas de là, au Secours catholique vendômois, Amina, l’aînée de Zarema, et Anna, maman de la petite Anna-Maria, s’affairent bénévolement au tri des vêtements aux côtés de Chantal Ménager et d’Evelyne Frade-Ubassy, deux co-responsables du Secours catholique. «Il y a une vraie synergie entre les structures vendômoises pour une prise en charge globale de ces familles. Nous les logeons, le Secours populaire fournit les meubles, le Secours catholique des vêtements, les Restos du cœur la nourriture et la CAF leur dispense des cours de français», poursuit Hubert Gérardin, conforté par Chantal Ménager. En parallèle, deux autres familles sont logées par le presbytère des Rottes. Avec pour horizon l’intégration et l’émancipation de ces exilés contraints, lesquels souhaitent désormais vivre sur le territoire national, y travailler, y payer leurs impôts et leurs cotisations sociales et surtout y voir grandir leurs enfants : «Nous les accompagnons dans leurs démarches administratives à la préfecture de Blois afin de régulariser leur situation.» Et l’avenir passera par les enfants. Deux sont scolarisés au collège Saint-Joseph, «avec un très bon niveau», les autres (Rant, Erika…) sont à la communale. «Sans doute traumatisés par les événements qu’ils ont endurés, ils veulent oublier leur culture et leur pays d’origine. Et ils font tout pour devenir des petits Français à part entière…», conclut Hubert Gérardin.