Denis Westhoff célèbre sa filiation en BD

Ecrivain, fils unique de Françoise Sagan, Denis Westhoff s’investit corps et âme pour défendre la vie et l’œuvre de sa mère. Il vit et travaille au vert, dans une jolie campagne aux alentours de la Chartre-sur-le-Loir.
Nous l’avons rencontré à la Galerie Nocogo, à La Charte-sur-le-Loir. Là où Denis Westhoff, accompagné de son inséparable griffon Utha, vient de temps à autre en voisin fureter dans ces lieux appréciés des locaux comme un temple du livre d’occasion, de collection, d’art et d’histoire. Un véritable bouquiniste. On y chine un Paris Match des années 60, un Tintin à l’Oreille Cassé, un bon Kessel, un Michel Vaillant ou encore un des grands noms de l’Académie Française, sans oublier l’incontournable Belle du Seigneur, d’Albert Cohen.
Belle idée que de mettre en images ce roman choc des années 50 et de s’adresser à un lectorat de BD. «Les mots résolument modernes de Françoise Sagan résonnent à nouveau sous le trait délicat et sensuel de Frédéric Rébéna.»
Pour Denis Westhoff : «Bonjour Tristesse a permis à toute une génération de jeunes filles d’après-guerre de se reconnaître dans ce monde dont elles n’étaient jusqu’alors pas sûres qu’il fût le leur. Elles avaient droit d’exister.»
Pour Alain Vircondelet, romancier et biographe de Françoise Sagan : «Bonjour Tristesse représente l’avènement d’un autre regard sur le monde. Une autre manière de le vivre. Les débuts de la vraie modernité.» Le lecteur retrouve le climat, l’ambiance, on y voit des lumières et des ombres portées. Le dessin élégant rime avec l’auteur.
Elle, L’Express, Vogue, Playboy…
Le fils unique de Françoise Sagan aurait pu refuser la succession et les dettes de sa mère, mais la seule idée que les droits sur son œuvre allaient être vendus aux enchères lui était insupportable. Son but, remettre l’œuvre de Sagan sur le devant de la scène. Il s’investit dans les archives, les manuscrits, les photographies, les petits cahiers, un temps complet pour faire passer le message du fils qui avait une mère, et non pas seulement l’icône, les idées reçues… Tout cela l’agace fortement, à tel point qu’il décide d’en écrire l’histoire. Le photographe devient écrivain, son ouvrage raconte les souvenirs d’enfance. Sagan et fils sera publié chez Stock en 2012. Mais, auparavant, il crée le prix Françoise Sagan suivi d’une association. Ce sera chez Flammarion qu’il publiera, Françoise Sagan, ma mère. Il passe des studios de radios aux plateaux TV, enchaînant conférences, débats et signatures dans les librairies. Son nouveau travail à temps complet sur la réhabilitation de l’auteur qui écrivait très vite, romans, et pièces de théâtre. Son amour pour l’écriture. Sa vocation était d’écrire presque tout le temps. Au fil de sa vie, un livre par an, mais aussi des reportages, puisque, dès 1954, du haut de ses 18 ans (date de sortie du célèbre roman qui l’a fît connaître), elle livre régulièrement des récits de voyages à Hélène Gordon-Lazareff qui dirige le journal Elle. Puis, L’Express l’envoie à Cuba, comme reporter. Tous y viennent. Son style, ses descriptions des lieux et des ambiances font fureur. Vogue, L’Humanité, Globe, L’Egoïste, Playboy… elle ne cesse de bourlinguer, de remplir ses petits cahiers et autres carnets. New-York, Capri, Venise, Cuba, Jérusalem… On retrouve tous ces trésors de notes de reportages dans Chroniques 1954-2003 Françoise Sagan (avant propos de Denis Westhoff). Jolie couverture, aspect tactile agréable, couleurs flashy, ce sera dans la collection Livre de Poche. Certains textes n’ont jamais été édités. Ils étaient écrits à la main, au dictaphone ou sur cassettes et après tapés à la machine. Le fils a plongé littéralement dans les archives des magazines et, comme il sait faire dans le coté «bien élevé», aucune rédaction ne refuse sa demande. Il fallait absolument tout récupérer, et monter un livre sur les chroniques.
Il a été imprimé en 2016. En le parcourant, on savoure la possibilité de faire partie de la vie privée et journalistique de l’écrivain. Nul besoin d’illustration, les mots emballent le tout. Les personnalités, la vie et ceux qui l’animent entre 1954 et 2003, ressemblent à un grand voyage dans le temps. Un pur plaisir pour tous les amoureux des belles sensations, du bien vivre.
Enfin, à l’occasion des soixante ans de la parution de Bonjour Tristesse, les éditions Julliard ont réimprimé en 2014 une version identique à l’édition originale parue en 1954.
Photos Marc Broussard
«Un beau sacrilège. Françoise Sagan aurait aimé ce livre car il lui manque de respect, la réveille et lui confère une nouvelle jeunesse» (Frédéric Beigbeder).
Adaptation et dessin Frédéric Rébéna
Couleurs Jean luc Ruault
Editions Rue de Sèvres