Edito de juin 2019 : Amérique 1 Chine 0 pour l’instant
Il faut freiner la montée en puissance de la Chine, voilà l’un des fils rouges de la politique de Donald Trump.
Dernière mesure en date : interdire aux entreprises américaines de vendre des équipements de pointe à Huawai, le géant chinois des télécoms, n°2 mondial, soupçonné d’espionnage au profit de Pékin. Ce qui voudrait dire qu’au 19 août, les portables et tablettes numériques de la marque chinoise seraient privés de Google et de son système d’exploitation androïd. Huawaï dénonce un harcèlement, les autorités chinoises protestent, l’escalade verbale et commerciale aura des conséquences pour la Chine et, bien au-delà, l’industrie des composants électroniques est déjà touchée. Nous ne sommes pas dans une bataille commerciale mais dans un conflit pour la maîtrise technologique. Après s’être développé sur son énorme marché intérieur, Huawai veut s’étendre et devenir un fournisseur technologique. La marque chinoise n’est pas seulement un vendeur de smartphone mais également un équipementier à la pointe sur la technologie 5G qui permettra l’essor véritable de tout ce qui est connexion des objets, bien au-delà du réfrigérateur qui vous fait remarquer que vous manquez de yaourts et qu’il peut les commander pour vous.
La 5G, c’est la voiture autonome, la télé-chirurgie car plus de coupure, l’internet embarqué aussi puissant que sur un fixe à la maison. Pour les Américains, la 5G est une infrastructure clé pour demain, ils sont en retard, les Chinois les devancent. En 2018, Huawai est le premier dépositaire de brevet technologique au monde. L’Amérique désire également conserver l’Europe comme colonie numérique. La Corée du sud, l’Inde, l’Australie ont déjà basculé vers la 5G chinoise.
Dans cette guerre, du côté de la Chine, il va y avoir une réplique certaine. Déjà pour les puces, il va leur falloir accélérer la cadence pour développer leur propre technologie en équivalent androïd. Cela va prendre du temps. Huawai est le 2e fournisseur de smartphone après Samsung et ils vont redescendre au profit d’Apple qui va retrouver sa place historique. Mais, la Chine, au contraire de l’Amérique et du monde occidental en général, ne réfléchit pas à 2 ou 3 ans, elle regarde à 15 ou 20 ans et, si Huawai a des difficultés pendant les trois prochaines années, cela ne les empêchera pas de prendre le temps nécessaire à ce développement d’avenir. De plus, l’Empire du milieu possède 70% des réserves mondiales des terres rares, ces composants essentiels aux nouvelles technologies, pouvant ainsi mettre la pression sur les Américains.
Finalement, ce conflit commercial n’est qu’une bataille dans cette immense guerre pour retarder l’avènement inéluctable des Chinois comme première puissance technologique mondiale. La Chine a les moyens de faire baisser Wall Street. A un an des élections américaines, Donald Trump, qui a construit sa popularité sur les courbes d’indices de la bourse, pourrait en pâtir. Un début de fin de mondialisation ? C’est la croissance qui fait le commerce et non le commerce qui fait la croissance. Le protectionnisme américain aura peu d’impact sur l’inflation et la croissance mondiale… surtout quand la Chine s’éveille !