Edito de Décembre 2017 : 200 milliards de dollars au soleil
Le sort en est jeté. Le tableau des compétitions pour la prochaine Coupe du monde de football 2018 en Russie vient d’être dévoilé. La France a bénéficié d’un tirage aisé, une poule qui devrait lui permettre de se qualifier assez facilement pour les quarts de finale. Du moins on l’espère, au vu des adversaires annoncés… Ce Mondial 2018, malgré le contexte géopolitique tendu, paraît être sur la bonne voie, et, dès le mois de juin, nous pourrons assister à cet événement planétaire sur les télés du monde entier. La suite est plus compliquée. Car, pour la compétition de 2022, l’étau se resserre autour du Qatar, organisateur du Mondial au Moyen-Orient. Selon le site de Mediapart, la justice brésilienne s’intéresse de très près à un virement de 22 millions de dollars, réalisé en 2011, au bénéfice de l’ex-président de la Confédération brésilienne de football. L’attribution de l’organisation à l’émirat qatari, actée fin 2010, fait polémique et est largement entourée de soupçons de corruption. Et même si la commission d’éthique de la Fédération internationale de football (Fifa) y a relevé des comportements suspects, elle ne remet pas en cause son attribution.
Ces soupçons viennent nourrir un débat déjà largement entamé dans le monde du ballon rond autour de cette candidature très controversée. Avec des températures qui frôlent les 50 °C et qui décaleraient la compétition sur novembre et décembre plutôt qu’à l’été. Les conditions également des travailleurs qui participent à la construction des structures sportives sont critiquées régulièrement pour des violations aux droits de l’homme. Et il est prévu pour 2018 que ce petit pays du Golfe accueille plus de 35 000 travailleurs étrangers sur les chantiers pharaoniques du Mondial.
Autre élément à charge, la crise diplomatique que traverse le pays avec ses voisins du Golfe pourrait être de nature à compromettre la bonne tenue de la compétition. En effet, depuis juin, l’Arabie saoudite, l’Egypte, le Bahreïn et les Emirats arabes unis ont fermé leur frontière avec le Qatar, arguant d’un soutien aux groupes islamiques radicaux, entraînant donc des coûts de logistique plus élevés. En février dernier, le ministre des Finances qatari précisait lors d’une interview que les dépenses du pays en vue de la Coupe du monde s’élevait déjà à 500 millions de dollars par semaine pour les principaux projets, et ce jusqu’en 2021 !
Au total, 200 milliards de dollars (187 milliards d’€) seront dépensés par la monarchie pour simplement jouer au ballon, le riche émirat construit même une ville de toute pièce. Cette localité, du nom de Lusail, qui n’existe pas encore, située à 15 kilomètres de Doha, la capitale, doit accueillir le match d’ouverture et la finale dans un stade climatisé de 80 000 places à 38 milliards de dollars. Cerise sur le ballon : un zoo, un parc d’attractions, 22 hôtels luxueux, un snow park, deux ports, un métro et une marina de cinq hectares, 450 000 personnes pourront ainsi loger sur place !
A force de chèques somptuaires, le Qatar est devenu une puissance qui s’impose dans le sport. Avec des investissements colossaux comme on a pu le constater lors du Mondial de handball, des tournois de tennis de premier rang, ainsi que sa mainmise sur l’équipe du PSG. Une démesure totale, des montants incompréhensibles pour le commun des mortels, mais pourtant bien réels, et sans parler des dégâts environnementaux. Finalement, quelle que soit l’issue de la compétition en 2022, on en connaît déjà le vainqueur…