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Edito de Septembre 2018 : Le vice ou la vertu

Photo Alex Edito

En cette rentrée scolaire, et par un ultime vote de l’Assemblée le 30 juillet, le Parlement a adopté définitivement l’interdiction des téléphones portables dans les écoles et les collèges. Les lycées restant concernés, mais sans caractère d’obligation. Malgré, depuis le 12 juillet 2010, le code de l’éducation qui interdisait les portables durant toutes les activités d’enseignement, il faut souligner que ce sont les parents eux-mêmes qui équipent leurs enfants de smartphone. Et ce dans une volonté de pouvoir les joindre après la classe, car ça les rassure. Selon le baromètre numérique en 2016, 93% des 12-17 ans possèdent un téléphone portable.

 

En tant qu’adulte responsable, et qui déjà sait ce qu’être accro aux écrans veut dire, à titre personnel ou professionnel, on peut se féliciter de cette mesure plus restrictive au sein des établissements scolaires, dans les couloirs ou les cours de récréation. D’abord décrocher des écrans pour des gamins qui y restent scotchés à longueur de journée souvent dès le plus jeune âge et sur des contenus qui peuvent inquiéter, diminuer de façon drastique leur consommation virtuelle, au moins le temps de l’école. Ensuite, renforcer les échanges entre écoliers lors des récréations peut s’avérer utile aussi pour une sociabilisation harmonieuse et indispensable. Autre avantage, c’est sans doute d’améliorer la concentration des élèves en classe, éviter l’envoi de SMS en cours par exemple. Les téléphones portables peuvent également susciter la convoitise, le vol ou le racket. Car les smartphones restent des objets de consommation, des armes de destruction d’attention massives. Les parents d’adolescents, et j’en suis, s’en aperçoivent vite, regardant leurs enfants les yeux rivés sur leur téléphone. Non seulement les écrans ont déjà des effets pervers, agitation, perte de la persévérance scolaire, diminution voire disparition de la capacité de lecture ou des activités physiques, mais pour certains, une incidence sur les résultats scolaires.

 

Dans Education nationale, il y a le mot «éducation», et n’est-ce pas le propre de l’école d’enseigner la modération et les bons usages d’un produit technologique de communication sans précédent ? N’est ce pas plutôt une facilité également pour nos politiques, dont le réflexe, comme dans d’autres domaines, est souvent d’interdire plutôt que de repérer les dysfonctionnements et d’y remédier ? Et si la «passion» des élèves pour leur smartphone pouvait être un facteur d’éducation dans différents domaines… Tout est question d’usage, certaines applications existantes peuvent très bien servir à des fins pédagogiques. Les élèves pourraient travailler sur les fameuses «fake news» car composer sur le fonctionnement des réseaux sociaux est aussi une formidable porte d’entrée pour comprendre notre époque, leur faire prendre conscience du modèle économique de ces géants du Net et les détournements possibles des données personnelles. Car qui mieux que l’école leur permettra d’appréhender les risques spécifiques à ces technologies et les sensibiliser aux conduites de protection comme le cyberharcèlement ?

 

Interdire peut être, mais d’un point de vue pédagogique, apprivoiser, comprendre, discipliner, développer son sens critique permet d’éduquer de futurs citoyens bien plus responsables de leur vie.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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