Edito de septembre 2019 : A l’heure du choix
L’été s’achève doucement. A l’heure de cet éditorial de rentrée, tant de sujets auraient pu être abordés, des réflexions parfois légères, d’autres plus sévères, voire énervées. Au hasard : la forêt amazonienne au Brésil et son président Bolsonaro, l’incendiaire de service ; la mort de Vincent Lambert, symbole de la réflexion française sur la fin de vie ; le rapport spécial du GIEC où, sans surprise, on apprend que l’humanité épuise la terre ; l’affaire de Rugy et ses dîners qui laissent nombre de questions en suspens ; les «féminicides», ces hommes qui tuent par lâcheté leur conjointe au cours d’une dispute ou par refus d’une séparation ; Boris Johnson préparant son «no deal» en excluant le Parlement ; les grèves aux Urgences et la révolte des petites mains de l’Hôpital ; Donald Trump dont l’offre de rachat du Groenland a été poliment déclinée… La liste est longue pour celui qui a suivi l’actualité nationale et mondiale, tant de domaines d’insatisfaction. La frustration finalement de l’éditorialiste qui travaille pour un mensuel, le monde chaque jour apporte son lot de sujets quotidiens trop nombreux pour les approcher tous dans une chronique ne réunissant que quelques mots.
Il me faut donc choisir, pas facile, ne dit-on pas que la vie n’est faite que de choix ? Lundi 5 août, Jean-Mathieu Michel décède. Il avait 76 ans, dont trente-six à la tête de Signes, village varois de 2.800 habitants. Dans sa commune, ce lundi funeste, il épingle deux hommes venus décharger illégalement des gravats. Refusant d’attendre la police municipale pour être verbalisés, ils remontent dans leur camionnette et manœuvrent pour repartir. L’élu est derrière, l’impact est fatal. Avec un caractère bien trempé et bon vivant, il n’était que gentillesse diront les Signois interrogés, sous le choc de la mort brutale de leur maire.
Ce décès tragique vient alimenter le sentiment actuel des nombreux élus locaux qui abandonnent leur mandat face, entre autres, à la violence de certains de leurs administrés. A l’heure où les futurs candidats s’annoncent pour les élections municipales de mars 2020, plus de la moitié des maires ne désirent pas se représenter. La future loi «engagement et proximité» du ministre Sébastien Lecornu était présentée le 17 juillet en Conseil des Ministres. Elle viendrait favoriser justement l’engagement dans la vie politique locale et revaloriser le statut de l’élu avec une trentaine de mesures dont celle de redonner du pouvoir aux maires. En effet, la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) a été vécue par nombre d’entre eux comme une volonté de les déposséder de leurs responsabilités en oubliant parfois la proximité. Sans parler du citoyen français qui perd également confiance en ses représentants, avec tout de même un intérêt plus profond pour la politique locale mais avec une désillusion sur la capacité des élus nationaux à changer les choses. Une défiance à l’égard des politiques qui laisse hélas un boulevard ouvert pour le populisme, les Français s’intéressant à la politique mais jugeant qu’elle ne s’intéresse pas à eux. On ne pourrait leur donner tort tant l’incapacité des politiques à changer les choses est criante. Et si on commençait déjà à la limitation de leurs mandats ?