Trumpiste et opportuniste
Lundi 4 novembre, au moment d’écrire cet éditorial, je ne connais pas encore le résultat des élections américaines. On peut tout de même dire qu’elles ont tenu leurs promesses avec leur lot, voire flot de fausses informations, de théories du complot, de coups-bas et de débordements totalement hallucinants pour nous, Européens.
L’entrepreneur milliardaire, Elon Musk, principal donateur de la campagne de Donald Trump, avec son programme America PAC, a, depuis cet été à la suite de la tentative d’assassinat du candidat, rallié la cause de celui-ci, multipliant depuis cet automne les réunions publiques en compagnie du leader populiste. Ses premiers pas en politique et son soutien sans faille pourraient, en cas de victoire de Donald Trump, lui ouvrir les portes du gouvernement au poste totalement nouveau de «Secrétaire à la réduction des coûts». Déjà son rachat de Twitter en 2022 avait été motivé par un objectif politique et non financier, donnant ainsi une visibilité aux idées conservatrices avec cette vision libertarienne du monde où l’état serait réduit à ses seules fonctions régaliennes, pro nataliste et fasciné par le virilisme.
En effet, né dans une famille blanche aisée à Pretoria en Afrique du Sud en plein Apartheid, Elon Musk, qui cultivait jusqu’au Covid 19 de 2020 une image de génie excentrique de la technologie, loin de la politique, a prêté allégeance publique à Donald Trump, fièrement et bruyamment ces dernières semaines. Au contraire des élites économiques qui restent dans l’ombre des candidats, nous pouvons nous interroger légitimement sur ses motivations à soutenir au grand jour Donald Trump tout en sachant que ses entreprises ont tout à gagner d’une relation étroite avec le camp républicain.
En s’alliant avec Donald Trump, il espère un sérieux coup d’accélérateur pour ses affaires. Elon Musk fustige l’intervention du gouvernement qui, d’après lui, étouffe le développement des technologies sur lesquelles il se concentre en ce moment, entre autres, la conduite autonome avec son robot-taxi.
En effet, début octobre, il a présenté lors d’un show à l’Américaine, sa «Cybercab», sans volant, ni pédalier dont sa production débuterait en 2026. Outre les nombreuses difficultés technologiques à surmonter, Elon Musk doit également prouver une expérience certaine en faisant rouler ses véhicules dotés d’Intelligence Artificielle avec des démarches longues et complexes auprès des autorités. Le taxi autonome, Waymo de Google, est déjà sur le terrain et effectue chaque semaine 100 000 courses utilisant des radars avec un laser pour détecter les obstacles. Au contraire, le système de conduite choisi par le milliardaire qui s’en remet à l’analyse des images captées par de nombreuses caméras a été remis en cause par les instances américaines chargées de la sécurité routière après un accident en octobre 2023 avec un piéton. Être au pouvoir demain permettrait d’abroger toutes ces réglementations. De plus, n’étant pas à une contradiction près, Elon Musk, tout libertarien qu’il est, a tout de même besoin des fonds publics pour prospérer avec son programme Space X qui envoie des fusées dans l’espace grâce… justement aux investissements énormes de l’Etat Américain !