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Le carillon ou la merveille de Villedieu-le-Château

Les promeneurs qui visitent le village de Villedieu sont toujours surpris lorsque que se présente à leurs yeux cette très belle église.

Un émerveillement tout pareil les saisit, lorsque s’élèvent mélodieusement dans les cieux, les notes cristallines d’un merveilleux concert ponctué par la grosse cloche qui toujours l’accompagne, en marquant plus humblement les heures.

Le regard des visiteurs se lève alors machinalement sur la tour du clocher et chacun se prend à imaginer que derrière le cadran de l’horloge qui orne la tour, un mystérieux ensemble de clochettes pourrait bien s’y cacher.
Les témoins de cette mélodie inattendue se posent aussitôt quantités de questions.

Que la grosse cloche égrène par son tintement monocorde le temps qui passe et annonce les offices, les joies et les peines vécues au sein de la paroisse, il n’y a rien d’original en effet !…

Son histoire remonte déjà loin dans le passé de cette église. C’est en 1636 en effet (le 18 février) que Messire Jehan Boysaubert, curé de la paroisse, bénissait solennellement deux précédentes cloches. L’une d’elles, fondue en canon au temps de la Révolution, s’en alla «gronder à la frontière et vomir la mort». L’autre beaucoup plus tard, fut refondue dans la fonderie orléanaise BOLLEE, par les soins d’un autre curé, M. l’abbé Poussin, et bénite en 1864 par Monseigneur Pallu du Parc, évêque de Blois. Elle porte les noms d’Emilienne, Adèle, Bénédicte, Jeanne et se balance tout en haut de la tour, «une tour trop basse, nous dit M. Moreau » ; il aurait, pense-t-il, fallut l’élever à la hauteur du faîtage pour que le son se fit mieux entendre».

Mais alors, d’où vient la présence secrète de ces chants inattendus ?

Dans le clocher et dans la flèche très élevée qui surmontent cette tour, on installa en 1902, grâce à une donation faite par M. l’abbé Charles Ribour, originaire de Villedieu, ancien aumônier de la marine à Monaco, «une horloge à carillon» pourvue de dix clochettes sonnant à heures fixes et jouant tour à tour diverses mélodies qui soulignent discrètement chaque temps liturgique :

carillon

– L’Inviolata marque le temps de l’Avent
– le Miserere, le Carême
– le stabat Mater, la Passion
– l’O Filii, le temps pascal
– le Contemplare, le temps ordinaire.

Cette dernière mélodie n’est autre que le refrain de l’hymne «Omni die» attribué par les uns à Saint Casimir, par les autres à Saint Anselme.
C’est aujourd’hui le cantique «unis aux concerts des anges».
Toutes ces mélodies, la dernière surtout, nous ramènent à M. Coutanceau instituteur du village, impatient d’entendre le carillon, écrivit à quelques détails près un petit poème. Jugez plutôt :

Bientôt l’on entendra dans ce petit vallon
Echapper du clocher un joli carillon.
Douze cloches d’airain, aux notes cristallines,
Un chant si beau, si pur, que les gens de ces lieux
Croiront en l’écoutant qu’il arrive des cieux.

Fonctionnement

Le carillon mécanique de Villedieu est une judicieuse boite à musique fonctionnant avec de lourds contrepoids destinés à faire tourner un cylindre dotés de petits ergots. Ces contrepoids sont remontés chaque semaine à l’aide d’une manivelle. Pour varier les mélodies, il suffit de changer de cylindre. En tournant, le cylindre grâce à ses ergots, agit sur les leviers reliés à des câbles pour actionner les marteaux tapant sur les clochettes d’airain afin d’en libérer des airs mélodieux.

Ce précieux mécanisme est enfermé dans une armoire sécurisée pour le maintenir dans un état constant de propreté et à l’abri de la poussière. Il fait l’objet de soins particulier de la part de l’employé municipal chargé de sa maintenance. On peut écouter le carillon tous les jours de la semaine, le matin à 6h et à 7h en milieu de journée à 12h et à 13h et en soirée à 18h et à 19h

Cette merveilleuse horloge à carillon fut conçue à Paris au 47 rue des Petits Champs par J. WAGNER neveu, horloger mécanicien de son état, avec la collaboration de son élève et successeur G. BORREL. Ce patrimoine, en parfait état de fonctionnement est une curiosité d’une grande rareté dans la région et fait toujours la grande fierté des habitants de Villedieu depuis 1902.

 

Jean-Claude GUINOT

 

I – Sources manuscrites :
M. C. MOREAU, notaire et maire de Villedieu,
manuscrit composé pendant l’été de 1843.
M. Marcel COUTENCEAU, instituteur à Villedieu, inédits 1896.
II – Bibliographie :
1972 – Villedieu-le-Château en Vendômois – Essai en collaboration de
Jean FORESTIER, Michel COUTENCEAU, Jean-Claude GUINOT

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