Sous une couverture jaune, exactement la couleur emblématique de La Poste, le nouveau livre collectif de Laurent Jeulin coordonné avec Raphaël Romnée «Mémoires partagées» vient d’être édité aux éditions Prolit’s. Une histoire de la Poste du XXe siècle à aujourd’hui, écrit non pas par des historiens mais par les postiers eux-mêmes, ce qui fait son attrait véritable.
Parti sur la même idée que la revue biannuelle «Fragment» du collectif CCLOPS (cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale), ce nouveau livre donne la parole aux personnes qui ont peu ou pas du tout l’occasion d’écrire. «Nous laissons les gens, les prolétaires, écrire, quel que soit le sujet, souvent sur leur rapport au monde du travail. Sur ce dernier ouvrage, décliné en plusieurs chapitres autant qu’il y a de métiers à la Poste, ce sont les postiers qui ont pris la parole sauf au dernier chapitre, où ce sont les usagers eux-mêmes, aujourd’hui que l’on nomme clients, qui s’expriment» détaille Laurent Jeulin, postier lui-même à Vendôme, cheville ouvrière du CCLOPS.
En premier lieu, «Mémoires partagées» reprend des textes édités en 1933 dans la revue mensuelle «Prolétariat» d’Henry Poulaille qui parlait déjà de la poste avec cinq textes intégralement repris dans le livre. Aidé dans sa recherche de documentations par le musée de la Poste à Paris, notamment pour certains clichés, les deux auteurs qui ont compilé 28 écrivains postiers dans ce livre ont fait appel aux illustrations originales de François Lebert, autre Vendômois qui avait été le premier auteur à être publié par les éditions Prolit’s avec son livre «Lignes de Front», textes et dessins de cet ouvrier qui a exercé chez Bosch (anciennement la Nacam) pendant 37 ans. «Notre ambition est que l’ensemble de ces textes contribue à l’écriture d’une mémoire postale autonome, étrangère au prisme institutionnel et que soit abordé le vécu quotidien avec les conditions de travail, les résistances et souvent avec humour et ironie» conclut le postier écrivain.
