Ecologie planifiée
Après un été caniculaire au cours duquel la France subissait des températures record et la forêt d’Aquitaine se transformait en brasier, Élisabeth Borne, notre première Ministre, a posé, en octobre, les fondations de son chantier de planification écologique. Avec des concertations qui doivent se tenir jusqu’à la fin de l’année, ce dossier est une des priorités du nouveau quinquennat. Une stratégie pour accélérer la baisse jusqu’à 55% des émissions de gaz à effet de serre qui devrait nous donner le cap à suivre jusqu’en 2030 et une neutralité carbone à atteindre pour 2050. Un défi immense comme elle le souligne, faire en 8 ans ce qui n’a pas été fait en 32 ans.
Tout cela en faisant bien attention de ne pas rendre les Français « schizophrènes » avec le message selon lequel il faudrait réduire la consommation, tout en encensant la croissance qui doit se poursuivre à l’infini. Un message compliqué à analyser à l’heure de la coûteuse ristourne sur le prix du carburant et la dépendance tenace de nombreux secteurs aux énergies fossiles après les perturbations de cet automne dans les stations essences. C’est vrai que «l’homo politicus» n’est jamais à court de contradictions mais soulignons que le gouvernement essaie de mettre en place (enfin) un plan sur la table.
Disons que répondre aux crises à répétition et aux imprévus de l’actualité n’offre pas au pays les nouvelles fondations dont il a pourtant besoin, avoir cette vision à long terme, au-delà des réformes d’un quinquennat que viendrait détruire un autre gouvernement. J’invite donc notre première Ministre à davantage de pédagogie car, comme nous le savons tous, «personne n’aime faire des efforts mais lorsqu’on comprend pourquoi, c’est tout de suite plus facile» nous expliquait dans le JDD Teresa Ribera, vice-présidente du gouvernement espagnol à une semaine de la COP27. D’ailleurs, l’Espagne est bien plus en avance que nous, avec ses 47% d’énergie renouvelable dans son mix énergétique.
Donc, avoir une vision sur le long terme sans nous donner des leçons de morale comme savent le faire si bien nos politiciens serait effectivement une avancée. Selon le rapport de l’institut de l’économie pour le climat, l’investissement pour tenir les objectifs climatiques devrait être de 12 milliards par an entre 2021 et 2030 bien loin des 5.5 milliards d’aujourd’hui. La marche reste haute qui plus est avec les 45 milliards dépensés pour le bouclier tarifaire sur l’électricité et le gaz mis en place récemment, une dépense défavorable au «budget vert» du gouvernement. La crise énergétique que nous subissons actuellement va peut-être être un obstacle pour les collectivités et le secteur privé pour financer cette transition écologique. En revanche, et on le constate à l’échelle d’un territoire comme le Vendômois, l’écologie est bien plus performante localement que nationalement. Une piste intéressante pour que, peut-être, le gouvernement réfléchisse à encore plus d’autonomie territoriale sur la question de la transition écologique.