L’information du futur
Annoncés par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale en 2022, les États Généraux de l’Information (EGI) débutent ce mois-ci et se poursuivront jusqu’en juillet. Réfléchir au futur du droit à l’information, autant d’être informé que d’informer, reste une démarche salutaire tout en y associant les citoyens. A l’heure des fake news ou de l’ingérence de certains pays dans la diffusion de celles-ci, ces états généraux sont plus que nécessaires dans un monde des plus connectés. Car l’une des conditions de la démocratie que nous chérissons est bien l’accès à une information libre et indépendante, à laquelle chacun peut se fier ainsi qu’y avoir accès facilement et sans contrainte. Faire donc aujourd’hui ce diagnostic sur les enjeux liés à l’information pour anticiper ce que l’avenir, comme les innovations technologiques balbutiantes d’aujourd’hui, nous proposera demain.
Composés d’un comité indépendant sous la délégation générale de Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG Reporters sans Frontières, les États Généraux de l’information analyseront les nouveaux équilibres des médias, un énorme chantier à redéfinir. En effet, la concentration et le financement pour certains pouvant interroger sur l’indépendance éditoriale comme on a pu le voir avec la crise au Journal Du Dimanche du groupe Bolloré où la rédaction s’opposait à l’arrivée comme directeur de Geoffroy Lejeune, connoté extrême droite. Distinguer le vrai du faux également et réaffirmer le droit au secret des sources des journalistes. La garde à vue récente de la journaliste Ariane Lavrilleux de Disclose, média indépendant d’investigation, a soulevé l’indignation à juste titre après une enquête sur une mission de l’armée française où l’on aurait fourni des renseignements, au service du régime autocratique égyptien, détournés par celui-ci à des fins de répression interne envers sa population.
Pour que chacun puisse avoir accès à cette information libre et indépendante, le comité s’interrogera évidemment sur les nouvelles technologies et leur impact qui rebattent les cartes en ce XXIe siècle. Comment éduquer aujourd’hui et demain les jeunes, quand ceux-ci s’informent uniquement par les réseaux sociaux où la désinformation est souvent de mise. C’est sans compter sur le petit nouveau qui fait son apparition en force depuis un an… L’intelligence artificielle, la fameuse IA qui en est à ses débuts et va bouleverser demain c’est certain tout le système. Les médias doivent s’adapter au plus vite, tout ne viendra pas du législateur, l’Etat étant bien plus lent à construire une réponse que l’intelligence artificielle, puisant quotidiennement sa richesse au contact de millions de données pour être meilleur jour après jour.
Les états généraux de l’Information, c’est également l’occasion d’étudier la défiance d’une partie des Français envers les médias et de chercher des solutions. D’après les sondages, plus de la moitié des sondés pense qu’il faut se méfier de ce que disent les médias. Cette perte de confiance est une lame de fond qui attaque de plein fouet la déontologie du métier de journaliste. Force de propositions, le comité rendra donc sa copie cet été, tout devrait être passer au peigne fin afin de garantir « des informations fiables et pluralistes » comme le soulignait Christophe Deloire dans une interview à Ouest-France en septembre.