Regard posé en VendômoisÉconomie et société

Carburants : comment ils ont résisté à la crise

Taxis, indépendants, artisans, commerçants, mères de famille, la pénurie de carburants d’octobre a mis en lumière le système D et la solidarité.

La course à l’essence, au gasoil, les kilomètres parcourus pour rien sous la lumière orange qui vous rappelle que vous êtes sur la réserve et que la panne n’est plus très loin. Avec un impact conséquent en région Centre-Val-de-Loire. Une situation plutôt mal vécue par les automobilistes. Mais certains ont fait preuve d’une imagination débordante pour remplir leur réservoir. « Mon patron est incroyable. Chaque soir, il demandait à deux volontaires de l’accompagner pour trouver une station ouverte. Avec trois véhicules, on arrivait à faire nos pleins, ce qui permettait le lendemain de partager l’essence en siphonnant nos voitures et ainsi tout le monde disposait d’un minimum de carburant. Le soir, après avoir fait le plein, il offrait le repas aux deux volontaires ! », explique Germain, commercial en portes et fenêtres à Savigny-sur-Braye.

Faire ses courses en tracteur

Pour Dominique, taxi vendômois, finalement très peu de stress : «On se déplace beaucoup, Tours, Blois, Paris. Ce qui augmentait nos chances de trouver une station. Ensuite, on prévient nos collègues des disponibilités.»
Sylvie, maman de trois garçons, a beaucoup roulé pour rien. « À peine on nous signalait des stations ouvertes sur les applications que les gens se précipitaient et que j’arrivais trop tard. Je ne compte plus les allers-retours Montoire-Vendôme et la déception de trouver les rubans rouges et blancs qui fermaient les accès aux pompes ». Dans son malheur, ses parents, retraités, ont systématiquement le plein dans leur voiture, dont ils se servent très peu. « C’est une habitude chez eux, ils complètent toujours leur réservoir, même s’il est aux trois-quarts. J’ai utilisé leur 208 pour faire mes courses, emmener les enfants au sport et même dépanner mes voisins qui étaient à sec », s’amuse la mère de famille.

Pour Gaétan, fils d’agriculteur, c’est le tracteur familial qui lui a permis de circuler. Il était plein, dormait sous la grange et son père n’en avait pas une utilité immédiate. «Ma voiture était vide, alors je m’en suis servi trois fois. Pour un appoint de courses, pour aller à la Poste et même pour un rendez-vous avec les impôts ! Ça m’a dépanné, mais faut avoir le temps», sourit le trentenaire.

Ce qui nous ramène au célèbre slogan des années 1970, à l’aube de la crise pétrolière : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ».

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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