Un jardin d’inspiration Renaissance pour le Manoir de La Possonnière
Lors de sa création, en 2017, la Communauté d’agglomération des Territoires vendômois est devenue, après la Communauté de communes du Pays de Ronsard et celle des Vallées Loir et Braye, propriétaire du manoir de la Possonnière, maison natale du poète Pierre de Ronsard, ce chantre de la nature sous toutes ses formes.
La sauvegarde de cette dernière constitue, de nos jours, un enjeu primordial ; les responsables de la collectivité ont compris que cet aspect de la personnalité du poète qui en fait un précurseur talentueux de l’écologie moderne, méritait d’être pleinement mis en valeur. Transformer le jardin du manoir pour le mettre en lumière constituait un signe fort de leur engagement en faveur d’une écologie raisonnée et responsable ; c’est pourquoi ils ont fait de l’aménagement du lieu une priorité.
L’ingénieur paysagiste, Hugues Aufranc, en accord avec l’Architecte des bâtiments de France, a donc imaginé, et mis en scène, un jardin d’inspiration Renaissance en y intégrant des éléments du XIXe siècle, époque à laquelle le manoir a été largement remanié. Les travaux, commencés en octobre 2019, ont souffert à la fois d’aléas climatiques particulièrement dommageables (pluies diluviennes en automne et en hiver, suivies d’une période de sécheresse prononcée) auxquels s’est ajouté un arrêt d’activité durant la première période de confinement. Néanmoins, le travail a été mené à bien même si le développement de la végétation a pris quelque retard.
Il convient tout d’abord de souligner que les jardins du manoir ont été mis en accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Le lieu dispose également du label «accueil vélo» avec borne de recharge électrique. Ceci est d’autant plus important que La Possonnière est située non loin de la «voie verte» qui doit relier, en suivant le tracé d’ une ancienne ligne de chemin de fer, Bessé-sur-Braye à Montval, et à laquelle le département voisin de la Sarthe souhaite conférer un fort potentiel touristique.
La roseraie a été profondément repensée. Les quelque 200 rosiers mêlent avec habileté variétés anciennes et anglaises à floraison longue. Leurs couleurs sont étagées en regardant vers le nord, des plus chaudes aux plus claires de façon à mettre en valeur la perspective ménagée par les ifs taillés en forme de cône. Le concepteur du jardin n’a pas manqué de retenir, parmi les végétaux plantés, ceux cités dans les œuvres de Ronsard et recensés au Prieuré de Saint-Cosme, non loin de Tours ; ainsi peut-on trouver des abricotiers, des myrtes, des lauriers, du houx ou encore des grenadiers… Entourés de charmilles plessées, les différents carrés composés d’arbustes, de vivaces ou de graminées, selon la technique du «mixed border» des jardins anglais, constituent des tableaux vivants et colorés qui apportent à l’ensemble une touche champêtre.
Le long du mur est, la végétation doit former un passage couvert qui conduit à une chambre secrète ornée d’un petit bassin alimenté par un puits. Un peu plus loin, l’on trouve des rangs de vignes rappelant que le poète était aussi un épicurien qui appréciait le bon vin. Des boscos, ces chambres de verdure particulièrement prisées à la Renaissance, offrent un refuge complice. A proximité, le labyrinthe d’ifs, dont la hauteur sera limitée à deux mètres, propose un moment de divertissement. Un vaste espace a été réservé au potager, riche de multiples variétés de légumes et de fruits, avec, à côté, un verger de pommiers taillés en gobelets. Au long du mur du fond, une pergola mêle rosiers, chèvrefeuille et jasmin, un véritable chemin de senteurs qui contribue au charme de la découverte de ce lieu extraordinaire. Des parterres de plantes aromatiques et médicinales, héritées du Moyen Age, viennent compléter l’ensemble.
Un nouveau mobilier en châtaigner, conçu par un artisan ébéniste, permettra aux visiteurs de se reposer en profitant d’un moment enchanteur.
Il est à noter que les fruits et légumes produits dans le jardin viendront alimenter l’épicerie sociale et solidaire de Vendôme.
L’aménagement du jardin ne doit pas faire oublier celui du parc boisé qui domine le manoir, où l’on peut suivre un parcours balisé qui conduit jusqu’à un verger de pommiers anciens.
Tous ceux qui connaissent Vendôme se plaisent à saluer l’exceptionnelle qualité de ses parterres et de ses jardins ; cette magie s’étend désormais jusqu’aux confins des Territoires vendômois; c’est ainsi que la Maison de Ronsard a retrouvé tout son éclat tandis que résonnent encore dans nos mémoires les célèbres vers du poète :
«Je n’avais pas quinze ans que les monts et les bois
«Et les eaux me plaisaient plus que la Cour des Rois…»
(Pierre de Ronsard «L’Hymne de l’automne», «Hymne II 1563».
Xavier Campion